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De l’escalade adaptée pour handicapés à La Prairie

le lundi 11 mars 2024
Modifié à 13 h 48 min le 08 mars 2024
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Emmanuel Guilbert se dit fier d’avoir atteint le sommet du mur d’escalade. (Photo gracieuseté)

Emmanuel Guilbert ne croyait pas pouvoir grimper littéralement vers les plus hauts sommets lorsqu’il a subi une lésion modulaire qui a gravement affecté sa moelle épinière en janvier 2023. Toujours en réhabilitation, le Candiacois a décidé de vaincre ses peurs en participant à l’activité «Escalade adaptée» au Canyon Escalade, à La Prairie, en novembre.

Il s’agissait de la 2e édition de cette activité où le centre d’escalade réunit des participants qui ont «une déficience physique en raison d’une amputation, une lésion médullaire (moelle épinière ou moelle osseuse) ou cervical, un accident vasculaire cérébral (AVC) ou encore d’une sclérose en plaques». Un système de contrepoids assurait la sécurité des usagers, facilitant la montée et rendant l’activité plus accessible.

Emmanuel Guilbert pendant l'ascension. (Photo gracieuseté)

Le Français d’origine était nerveux à l’idée de participer à une activité du genre, puisqu'il appréhendait certains risques. 

«Quand vous subissez une lésion à la moelle épinière, vous perdez un peu confiance en vous, explique le technicien en informatique de 39 ans. [Pendant ma convalescence], j’ai perdu ma capacité musculaire et je ressentais plus de fatigue. J’hésitais à me lancer.»

Les organisateurs ont dissipé ses craintes et M. Guilbert a tenté sa chance.

«On n’a pas le contrôle de notre poulie, donc il faut faire confiance à celui ou celle qui nous tient, estime-t-il.

Il dit être sorti grandi de cette expérience.

«Avec tout ce que j’ai traversé, d’être capable de faire ça, j’ai ressenti une fierté, se réjouit-il. L’activité m’a fatigué, mais en même temps j’étais content de l’avoir fait et d’être allé au-delà de mes peurs.»

Réadaptation

M. Guilbert se dit incapable de détailler son accident, si ce n’est qu’il a fait une chute, puisqu’il peut subir encore des chocs post-traumatiques qui y sont reliés. L’homme de 39 ans est resté à l’hôpital pendant trois semaines. Il a dû se déplacer en fauteuil roulant, puis avec une marchette, et marche maintenant avec une canne.

«L’autonomie était très difficile au début, raconte-t-il. Tu déprimes, car tu penses que tu vas être comme ça toute ta vie.

Il doit quotidiennement gérer son énergie pour ne pas être trop épuisé. Son vrai défi est de connaître ses limites et d’en reconnaître les signes.

«Je ressens de la fatigue si l’effort est trop intense, soutient-il. De plus, j’ai souvent des engourdissements, et quand je fais trop d’efforts, j’en ressens beaucoup sur le torse.»

Le Candiacois ne cache pas qu’il pose un regard différent sur la vie depuis son accident.

«Par rapport à l’estime de soi, ça prit un coup, confie-t-il. Quand j’ai repris le travail, cela m’a un peu bouleversé, donc je me suis remis en question. On se rend à la phase que nous ne sommes plus la même personne et nous réalisons que nous devons adapter notre vie à [notre condition].»