Non classé

Déchiffrer le passé en le décryptant

le lundi 18 mars 2019
Modifié à 10 h 47 min le 18 mars 2019
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Lina Chopin ne fait pas ses 82 ans. C’est avec un enthousiasme communicatif que la bénévole de la Société d'histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine (SHLM) transmet son savoir-faire pour décrypter des documents rédigés il y a plus de trois siècles. Grâce à son habileté, ces textes écrits à la plume, parsemés de taches d’encre et dont la calligraphie particulière font en sorte qu'ils sont illisibles pour la majorité des profanes prennent vie sous ses yeux. Ces documents proviennent, entre autres, du fonds des Jésuites qui est composé de quelque 35 000 documents entreposés dans les locaux de la Société d’histoire. C’est à travers ces traces écrites que les chercheurs peuvent en savoir davantage sur la naissance de la Seigneurie de La Prairie dont les Jésuites étaient les premiers propriétaires terriens. «On est une dizaine de personnes qui font la lecture de documents anciens. On appelle ça de la paléographie. On lit ces documents et on écrit le texte sur l’ordinateur afin que ce soit compréhensible pour tous», explique-t-elle.  
«Je suis passionnée de lecture. Et la paléographie, c’est une autre passion de la lecture.» -Lina Chopin
  «Le président de la SHLM, Stéphane Tremblay, m’a dit lors d’une réunion: "Mme Chopin faudrait bien partager vos connaissances". Et une de mes amis m’a dit de la faire avant qu’il ne soit trop tard. Alors je le fais!» ajoute Mme Chopin. Pas question de changer quoi que ce soit au texte. Les mots sont reproduits tels quels, avec l’orthographe en usage à l’époque (ex : relligieus au lieu de religieux). «Par exemple, on se demandait ce qui signifiait le mot touiour, pour réaliser qu’il s’agit de toujours. Les j et les i sont pareils», intervient Solange Lamarche, membre du comité de paléographie. Les bénévoles se creusent souvent les méninges dans le cadre de leur travail, surtout lorsqu’ils se butent à des mots dont l’usage a disparu aujourd’hui. «On cherche à comprendre le sens de certains mots, même ceux en latin, souligne de son côté Mme Chopin. On fouille dans les dictionnaires d’ancien français. Il faut le faire phonétiquement. Notre travail constitue un héritage qu’on laisse aux chercheurs.»   Filles du roi Dernièrement, les membres du comité de paléographie ont identifié les Filles du roi qui se sont établies à La Prairie. Ces femmes provenaient, notamment, des hospices de France et ont été envoyées en Nouvelle-France au XVIIe siècle (entre 1663 et 1673) pour épouser les colons. «Il y a eu 18 Filles du roi qui sont venues dans la Seigneurie de La Prairie. On a lu tous les documents relatifs à leur histoire afin d’aider les auteurs d’un ouvrage qui sortira le 9 juin en collaboration avec l’Association des Filles du roy», souligne Mme Chopin. «Sur les 18 Filles du roi, deux n’ont pas eu d’enfant. Les 16 ont eu des descendances. Leurs filles ont marié d’autres colons, pionniers, et ainsi et suite», mentionne Mme Lamarche.   Honorée pour son travail Lina Chopin figure, aux côtés de Gilbert Chopin, son défunt mari, parmi les membres fondateurs de la SHLM. Depuis environ cinq ans elle forme d’autres bénévoles à la paléographie. En février, la SHLM l’a honorée pour son implication au sein de l’organisme. Ce fut aussi le cas en 2017 pour sa collègue Solange Lamarche.  
[caption id="attachment_59628" align="aligncenter" width="521"] Un document d’époque relatant la concession de 80 arpents à Pierre Roy, le 8 décembre 1672, à la Côte Saint-Lambert. (Photo : Le Reflet - David Penven)[/caption]   [caption id="attachment_59627" align="aligncenter" width="521"] Dans l'ordre habituel: Stéphane Tremblay, président de la SHLM, Jean-Claude Poissant, député de la circonscription fédérale de La Prairie, Lina Chopin, Donat Serres, maire de La Prairie, et Robert Clermont, président de la Caisse La Prairie. (Photo: Gracieuseté – Société d'histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine)[/caption]