Opinion

Déménager ou rester là ?

le mercredi 31 mars 2021
Modifié à 8 h 26 min le 31 mars 2021
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Vous êtes peut-être assis sur une mine d’or. Tant mieux! Mais ça ne veut pas nécessairement dire que vous pouvez vous en réjouir. Depuis quelques années – et la tendance s’est accélérée en cours de pandémie –, les propriétaires ont vu la valeur de leur résidence augmenter considérablement. Et c’est encore plus vrai dans le cas des propriétés situées au bord de l’eau, dont le prix a carrément explosé. La demande excède l’offre et le confinement des derniers mois ont provoqué une ruée vers les endroits attrayants à l’intérieur de nos frontières. Aussi bien se gâter chez soi, à défaut d’explorer le reste du monde… De là cet élan qui ne fait que s’intensifier. De plus, les taux d’intérêt hypothécaire très bas ont encouragé plein de gens à devenir propriétaires, au profit des vendeurs qui ont eu la partie belle. Par ailleurs, les prix montent aussi pour les nouvelles constructions, surtout que le prix des matériaux est lui aussi en hausse, à tel point que bien des contracteurs insèrent maintenant dans leur soumission une clause qui leur permet d’ajuster la facture à venir si le prix des intrants continue de grimper. Mais si vous êtes déjà propriétaire, cette hausse de valeur de votre résidence devient un couteau à double tranchant. Vaut-il mieux en profiter tout de suite et vendre avec un joli profit, surtout que le gain ne sera pas imposable en fonction des règles fiscales au pays s’il s’agit d’une résidence principale? Parce que les comptes de taxes grimpent eux aussi… Bien des municipalités essaient d’amortir le choc en révisant à la baisse les taux d’évaluation. Elles ne veulent pas faire fuir leurs citoyens en les étouffant. Il reste que les factures risquent de devenir plus costaudes, et des gens qui ne voulaient pas quitter leur demeure sont confrontés à des choix déchirants. Si on est bien chez soi et qu’on n’a pas l’intention de vendre, la hausse de valeur d’une propriété cause surtout des désagréments. Et c’est loin d’être fini, surtout si on considère les chalets et autres résidences secondaires. La firme Royal Lepage vient tout juste de faire paraître une analyse qui prévoit une augmentation moyenne de 15 % pour les propriétés récréatives en 2021 à travers le Canada, et on s’attend à ce que la hausse soit précisément de 15 % au Québec. «Dans bon nombre de régions, les pénuries d’inventaire entraînent des scénarios d’offres multiples, qui se traduisent souvent par des ventes au-dessus du prix affiché pour l’inscription», écrit-on. L’agitation va donc se poursuivre. Pour les acheteurs, la conclusion est simple: ils vont devoir payer toujours plus cher. Mais les propriétaires, eux, seront confrontés à un dilemme toujours plus embêtant: vendre et déménager ou rester là?