Automobiles

Électrification des transports : Montréal en arrache

le samedi 24 août 2019
Modifié à 4 h 02 min le 26 août 2019
Le Guide de l'Auto Article par Daniel Breton

Bornes de recharge toujours pas installées, non fonctionnelles ou défectueuses, autobus électriques au compte-goutte, véhicules électriques non utilisés : la Ville de Montréal semble accumuler les difficultés en électrification des transports.

Voici quelques exemples concrets qui illustrent les difficultés qu’on retrouve à Montréal avec le réseau de bornes de recharge :

  • Dans Hochelaga-Maisonneuve, une borne sur rue a été installée à l’automne 2018, mais n’est toujours pas en fonction. Ce qui a été rapide par contre, c’est le vandalisme dont elle a fait l’objet.
  • Devant la tour de la Bourse, une autre borne sur rue est en panne... depuis mars dernier.
  • Du côté des bornes de recharge rapides (BRCC), alors qu’on en retrouve quatre du Circuit Électrique à Beloeil et trois à Saint-Hyacinthe, Montréal n’en a que huit pour toute l’île... dont cinq en collaboration avec des entreprises privées. En fait, seules trois BRCC sont situées sur les terrains de la Ville de Montréal.

Pourtant, en mars 2018, l’administration Plante s’était engagée à en installer 16 avant la fin de la même année. Un an et demi plus tard, aucune des BRCC promises par la ville n’a été installée. Ça ira donc en 2020 au plus tôt.

Si ces problèmes ralentissent le virage vers les véhicules individuels électriques, ils freinent aussi la transition des véhicules de taxis, d’auto partage et de covoiturage électriques. Et, dommage collatéral, ces problèmes et retards nuisent à l’image du Circuit Électrique.

De nombreux résidents, chauffeurs de taxis et entreprises diverses de Montréal, ne pouvant toujours pas brancher leur véhicule électrique à la maison ou au bureau, se tournent vers des véhicules à essence. Voilà pourquoi un réseau de bornes de recharge rapide sur l’île de Montréal est rien de moins qu’essentiel.

Par ailleurs, des véhicules électriques achetés par la Ville croupissent dans les garages, car des employés ne savent toujours pas comment s’en servir et des bornes n’ont toujours pas été installées.

En juin 2019, la vérificatrice générale de la Ville remettait d’ailleurs en question la cible des 1000 bornes de niveau 2. Elle écrivait dans son rapport que la stratégie d’électrification avait été déployée sans plan d’action ni mécanisme de reddition de compte et suggérait de revoir la stratégie «afin que l’électrification, lorsqu’elle deviendra la norme en matière de déplacement urbain, soit rigoureusement planifiée et économiquement viable pour la Ville». Malgré les critiques de la VG, la Ville a décidé de garder sa cible.

Autobus hybrides plutôt qu’électriques
Des villes de la planète ont résolument pris le virage des autobus électriques. C’est ainsi que Paris s’est engagée à acheter 800 autobus électriques entre l’an prochain et 2022 et que le 2/3 de leurs centres de gestion des autobus puissent accueillir des autobus électriques et 1/3 des autobus au biogaz.

En Chine, pas moins de 421 000 autobus 100% électriques circulaient à travers le pays au printemps 2019, dont plus de 16 000 dans la seule ville de Shenzen, soit 100% de la flotte d’autobus de cette ville de plus de 12 millions d’habitants.

Pendant ce temps, on ne retrouve que trois autobus électriques à Montréal et il y en aura à peine une quarantaine d’ici 2024.

Mais la Ville a décidé d’acheter plus de 900 autobus hybrides d’ici 2024. Or, alors que ces nouveaux autobus coûtent près de 1 M$ l’unité (986 316 $ avant taxes), soit près du double d'un autobus diésel, ils n’économisent que 11,2% de carburant en moyenne alors qu’ils étaient supposés en sauver jusqu’à 30%. Malgré ces chiffres décevants, la Ville persiste et signe encore là dans son choix.

Une stratégie qui urge
L’arrivée des véhicules électriques dans les rues de Montréal, qu’ils soient légers ou lourds, représente un défi logistique important. L’administration Plante devra donc mettre les bouchées doubles si elle veut rattraper le temps perdu en hésitations, incohérences et lenteurs bureaucratiques.

Et pour cela, cela va prendre une vraie stratégie d’électrification des transports... pilotée par une équipe compétente.