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Fermeture de la clinique TaLin: manque «de fonds pour continuer les combats»

le lundi 20 novembre 2023
Modifié à 14 h 54 min le 23 novembre 2023
Par Marie-Josée Bétournay

redactionjf@gravitemedia.com

Linda Jurick était fondatrice de la clinique TaLin. (Photo gracieuseté)

Le 27 octobre, la clinique TaLin, une clinique médicale privée à Candiac, a fermé ses portes sans préavis. En entrevue, l’infirmière fondatrice de l’établissement dit avoir manqué «de fonds pour continuer les combats».

«Le 28 octobre, tout le monde devait être avisé et avoir quitté les lieux», précise Linda Jurick. La communauté a perdu quelque chose. Je suis très triste, j’ai honte de ne pas avoir pu voir venir cette fermeture. J’avais peut-être trop d’espoir.»

Un huissier a fermé les portes de la clinique le 28 octobre à la suite d’une injonction de la cour tombée quatre jours plus tôt.

Professionnelle du réseau public de 1984 à 2003, Linda Jurick a créé la clinique TaLin en 2012. Son approche: rendre accessibles et abordables des soins à la population ainsi que prioriser sa prise en charge par des infirmières de première ligne; un modèle «viable et pérenne» que Mme Jurick souhaitait voir adopté par les gouvernements.

«Nos buts étaient [d’offrir] les bons soins au bon moment par le bon professionnel [médecins, infirmières, nutritionnistes, physiothérapeutes, psychologues, audiologistes, orthopédagogues, ostéopathes et sexologue, rattachés à la clinique] et valoriser la profession d’infirmière et sa relation avec la communauté», affirme celle qui parle de l’établissement comme «une clinique vitrine». 

Honoraires professionnels

Le versement d’honoraires professionnels à l’infirmière, au coût de 240 $ par année, constituait l’une des sources de revenus de la clinique. Le service offert en retour : un bilan de santé complet englobant les antécédents familiaux, les maladies diagnostiquées, l’examen physique, entre autres. Le bilan permettait à l’infirmière d’établir, avec le patient, la procédure pour «aller chercher un état de santé optimal».

Linda Jurick affirme que les patients n’ayant obtenu aucun rendez-vous pour leur bilan de santé, en raison de «la fermeture abrupte» de la clinique, ont été remboursés. Cette option s’avère impossible pour les autres.

«Tous les patients ont eu leur consultation, leur plan. Ils ont eu le service. On ne peut pas rembourser un service qui a eu lieu. Il faut payer la professionnelle. Vous ne pouvez pas aller dans un restaurant manger un steak et après dire que vous ne voulez pas payer pour le steak», image-t-elle.

La clinique TaLin n’a jamais obtenu d’aides financières des gouvernements, exception faite de la subvention COVID de 60 000 $ d’Ottawa. Pourquoi? «On ne subventionne pas des cabinets d’infirmières», s’est fait répondre Mme Jurick de la part de ministres. Pendant quatre ans, l’infirmière fondatrice de la clinique s’est heurtée en vain à la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ), informe-t-elle. La raison: «défendre le droit de facturer un honoraire» de la part des infirmières.

«J’ai mis ma vie et il ne me reste rien, dit-elle avec l’émotion dans la voix. J’ai tout mis. C’était un discours de sourd du début à la fin avec le milieu médical et le gouvernement».

Les professionnels de la clinique enregistraient de 35 000 à 45 000 consultations par année. «Ce sont des infirmières dédiées. Elles ont été exemplaires et un modèle sur lequel j’aimerais voir toutes les infirmières au Québec», indique Linda Jurick.

Suivi 

Dans une communication le 31 octobre, la clinique TaLin a informé sa clientèle que les médecins assureraient un suivi de leurs patients. La Dre Camille Beaulieu-Poulin a acheminé une lettre à ses clients; lettre dont Le Reflet a obtenu copie. Elle mentionne désirer conserver ses patients et assurer leur suivi dans une nouvelle clinique. «Vous serez contactés par téléphone et/ou courrier pour vous aviser de mon nouvel établissement», écrit-elle en remerciant ses patients de leur patience et leur compréhension «durant cette période transitoire».