Fiers propriétaires d’un corbillard

Pour Claude et Mylène Simard, le corbillard est un véhicule qui a une âme. Adeptes de cette voiture funèbre, le père et la fille de Candiac qui rêvaient de s’en procurer une ont récemment fait l’acquisition d’un modèle Cadillac 1996.
Mettons immédiatement certaines choses au clair: les Simard ne sont ni gothiques ni adeptes de satanisme. Si la fille avoue être tombée en amour avec la chose en regardant La famille Addams, elle apprécie surtout le look de la bagnole.
Pour le père, c’est autre chose. Comme sa mère a longtemps travaillé dans un salon funéraire, il semble avoir développé une certaine sérénité face à la mort et aux emblèmes lui étant associés.
S’ils se qualifient de croyants, les Simard ne sont pas tellement pratiquants. Or, ils vouent tout de même un respect à la voiture et au symbole qu’elle représente. Quand Le Reflet les a contactés, ils étaient d’ailleurs peu chauds à l’idée d’accorder une entrevue, puisqu’ils ne veulent pas que le corbillard soit vandalisé.
De plus, le camionneur de métier a parlé à quelques reprises de la voiture à la troisième personne durant l’entrevue. Comme si elle faisait partie de la famille.
«Je suis allé au cimetière voir un proche dernièrement et le char était content, dit-il, sourire dans la voix. Ça faisait longtemps qu’il n’y était pas allé.»
Faire abstraction de la mort
En près de 20 ans, le corbillard a inévitablement transporté de nombreux corps à leur dernier repos. Les deux nouveaux propriétaires ne s’en formalisent pas. Claude Simard accepterait même de faire le chauffeur si un salon réquisitionnait les services de sa voiture.
«Certaines personnes me disent: "Ah, ça doit sentir drôle à l’intérieur!" Pas du tout», atteste la conductrice de 22 ans qui pourrait faire penser à Claire dans la série Six feet under. Pour elle, c’est une auto comme une autre. Il suffit de faire abstraction de la mort et de nos aprioris.
Objet de curiosité
Les Simard concèdent que les têtes des voisins se sont tournées la première fois qu’ils ont stationné «leur bébé» dans l’entrée de leur demeure.
Pour compléter le tableau, le père et la fille ont même installé – pour plus de stabilité – un véritable cercueil à l’endroit prévu à cet effet. Quand la journaliste a suggéré que d’autres objets lourds comme des poches de terre auraient pu faire le travail, les yeux de l’homme se sont arrondis.
«Ça aurait été un sacrilège! Tant qu’à conduire un corbillard, aussi bien avoir la totale», affirme le Candiacois.