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Fourrures Jodoin et filles passe le flambeau

le vendredi 10 février 2023
Modifié à 15 h 06 min le 10 février 2023
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Geneviève Nadeau-Jodoin remercie ses clients pour leur confiance au fil des années. (Photo gracieuseté)

Après plus de 70 ans de service envers la communauté de La Prairie et ses environs, l’entreprise familiale Fourrures Jodoin et filles ferme ses portes et décide de tourner la page.

L’entreprise qui a ouvert ses portes en 1949 marche à merveille, selon Geneviève Nadeau-Jodoin, mais celle qui habite maintenant en Estrie croit qu’il est temps de passer à autre chose. Après en avoir discuté avec sa mère Lucie Jodoin, propriétaire depuis 2002, les deux femmes ont réalisé qu’elles tenaient encore les rênes pour ne pas décevoir l’autre.

«Nous avons une belle clientèle, mais j’ai fait le tour [dans mon domaine], indique l’entrepreneure qui aura 44 ans en mars. J’ai envie d’autres choses et j’ai décidé d’aller vers de nouveaux projets.»

De plus, elle constate que le domaine de la fourrure manque de main-d’œuvre et ne possède pas de relève, ajoute-t-elle.

Fourrures Jodoin et filles passera les clés de sa boutique à Gabrielle Mailhot-Côté, qui changera le nom pour Créations Gama, le 1er avril. La clientèle actuelle a été avisée concernant les services d’entreposage. La nouvelle entreprise continuera d’offrir des services pour la fourrure.

Émotions

À travers les années, Geneviève Nadeau-Jodoin a été marquée par l’émotion et la nostalgie des clients qui lui apportaient leur manteau. Celle qui est à la barre de l’entreprise depuis 2011 est la 4e génération à avoir géré le magasin de la rue Saint-Georges, dans le Vieux-La Prairie.

«Des clientes m’ont raconté que leurs proches ont pleuré de joie en recevant des objets confectionnés à partir des manteaux de fourrure de leurs parents», relate-t-elle.

Elle remercie avant tout ses clients pour toutes leurs années de loyauté et les relations qu’elle a développées avec eux.

«J’ai reçu beaucoup de personnes qui m'ont raconté qu'ils se souviennent d’être venus ici avec leurs grands-mères lorsqu'ils étaient plus jeunes, souligne-t-elle. C’est un côté familial et chaleureux qu’on ne retrouve pas souvent dans les entreprises.»

Perceptions

Geneviève Nadeau-Jodoin ne cache pas que les perceptions envers la fourrure ont changé au fil des années. Il y a fort longtemps, les manteaux de fourrure étaient souvent représentatifs du statut social des femmes qui le portaient.

«Dans les années 20, les dames s’achetaient des manteaux de fourrure lorsqu’elles commençaient à travailler, explique-t-elle. C’était près de 5 000$, ce qui valait beaucoup d’argent à l’époque.»

Cependant, depuis la sortie de Brigitte Bardot en 1977 qui voulait agir sur tous les plans afin d’interdire la fourrure animale, certaines personnes ont développé des réserves et ça devenait difficile de justifier les bons côtés de la fourrure, raconte Mme Nadeau-Jodoin.

«[C’était un défi] de ramener la bonne image de la fourrure, soutient-elle. Souvent, elle a mauvaise presse, mais c’est un matériel qui est durable, recyclable et biodégradable. Ça fait également partie de notre patrimoine.»

Néanmoins, plusieurs clients sont heureux de pouvoir recycler des fourrures appartenant à leurs proches et d’en garder des souvenirs, selon elle.