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Francisation aux adultes : réduction possible de services aux Grandes-Seigneuries

le vendredi 15 novembre 2024
Modifié à 15 h 37 min le 15 novembre 2024
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Les syndicats en enseignement de la Montérégie se sont rendus au bureau du ministre Jean-François Roberge le 11 novembre. (Photo : gracieuseté - Syndicat de Champlain)

Des syndicats d’enseignants en Montérégie ont manifesté devant le bureau du ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration Jean-François Roberge plus tôt cette semaine, dénonçant les coupes de services en francisation aux adultes en milieu scolaire. Depuis septembre, plusieurs centres de services scolaires ont réduit considérablement le nombre de classes et d’autres s’apprêtent à le faire, voire à cesser d’offrir le service.

L’Association des professeurs de Lignery, qui représente des enseignants qui travaillent sur le territoire du Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries, regarde avec inquiétude ce qui se passe dans les secteurs voisins ainsi qu’ailleurs au Québec.

«On est très inquiets, on se demande quand le couperet va tomber», illustre la présidente Martine Provost. Elle n’a pas eu d’information officielle encore de la part du centre de service, mais des enseignants l’ont informée que six personnes qui étaient sur les listes de rappel et qui avaient une tâche depuis le début de l’année ne sont pas renouvelées dans la nouvelle session.

Le CSS des Grandes-Seigneuries a indiqué que pour la session débutant à la mi-novembre, les nouvelles admissions ne sont pas possibles pour le moment, mais qu’elles se poursuivent pour les élèves déjà inscrits. Environ 300 élèves suivent actuellement des cours de francisation dans ce secteur.

Le CSS des Grandes-Seigneuries reconnait que les nouvelles directives gouvernementales pourraient limiter prochainement les services de francisation offerts aux adultes. «À compter de février 2025, des ajustements pourraient affecter les lieux de formation (Sainte-Catherine ou Châteauguay), la fréquence des cours (temps plein ou temps partiel) ou le nombre d’élèves», souligne Hélène Dumais, directrice adjointe du service du secrétariat général et des communications au CSS des Grandes-Seigneuries.

Les syndicats craignent que les étudiants soient perdants sur le plan de la qualité de service dans les alternatives proposées pour la francisation. «Le niveau de service qu’on va avoir ne sera sans doute jamais comparable à celui qui était offert par les centres de services scolaires. D’abord en quantité, mais aussi en qualité puisque ce qu’on commence à voir poindre, ce sont des offres de formations à distance, souvent dans de très grands groupes», dit M. Guilbault.

«La francisation, c’est plus que l’apprentissage du français, c’est la transmission des codes de notre culture et de notre société. Le gouvernement doit changer de cap et s’assurer que les services de francisation puissent continuer à être offerts à la hauteur des besoins réels dans les centres de services scolaires, en toute cohérence avec le financement octroyé par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration», ajoute Mme Provost.

Radicalement coupés, selon le syndicat

Au Syndicat de Champlain, qui représente les enseignants des territoires des Centres de services scolaires (CSS) des Patriotes, Marie-Victorin et Vallée-des-Tisserands, c’est à celui des Patriotes où les coupures ont eu lieu en premier, soit dès le mois d’août.

 «Les services de francisation aux adultes ont été radicalement coupés dès le début de l’année. Ce sont 19 contrats d’enseignants qui ont été abolis», fait savoir Jean-François Guilbault, président du syndicat.

Le CSS des Patriotes a confirmé que le nombre de groupes de francisation a diminué, passant de 20 à 7 pour l’année scolaire actuelle, ce qui représente 146 élèves formés en francisation actuellement.

Cette situation découle de l’exigence de Québec demandant le financement consacré à la francisation ne dépasse pas celui de l’année scolaire 2020-2021, une année pandémique où l’immigration a été moins élevée.

Pas de nouvelles admissions à Marie-Victorin

Bien qu’il n’y avait pas eu de changement en début d’année scolaire, le Centre de services scolaire Marie-Victorin doit se rajuster pour la deuxième session afin de respecter les limites établies par le ministère de l’Éducation, informe Geneviève Cormier aux relations médias du CSS Marie-Victorin.

 «Cela implique que pour la deuxième session de l’année scolaire en cours, nous n’avons pu accueillir de nouveaux élèves provenant de Francisation Québec, ce qui représente environ 80 candidats, et que nous avons également dû fermer deux groupes de niveau supérieur, ce qui a impacté 35 élèves», précise-t-elle. Marie-Victorin compte un peu plus de 500 élèves inscrits pour la session qui débutait le 11 novembre.

Huit postes d’enseignants équivalent temps plein sont touchés par la réduction des groupes, selon M. Guilbault.

Fin du service à Vallée-des-Tisserands

Le Centre de services scolaire Vallée-des-Tisserands a pour sa part annoncé vendredi que le service de francisation aux adultes cessera complètement le 29 novembre. Ce sont 150 adultes qui sont touchés par cette mesure. Le CSS affirme avoir épuisé son budget en novembre.

« Nous avons maintenu le programme de francisation le plus longtemps possible afin de répondre à la demande. Cette décision difficile repose sur les encadrements budgétaires et les modalités d’utilisation des fonds », explique François Robichaud, directeur général adjoint à la réussite du CSSVT.

Le syndicat a appris cette semaine que les cinq enseignants qui étaient sous contrats en francisation pour le territoire de la Vallée-des-Tisserands ne seront pas renouvelés.

Pas de coupe de budget, assure le ministre

En entrevue dans Le Devoir le 23 octobre, le ministre Jean-François Roberge s’est dit étonné de voir que des classes fermaient un peu partout au Québec alors qu’il assure ne pas avoir coupé dans le budget.

Selon le ministre, dans les six derniers mois, les CSS auraient francisé deux fois plus d’élèves dans toute l’année précédente. «C’est comme s’ils avaient choisi de dépenser 100 % de leurs budgets dans la première moitié de l’année. Puis là, ils nous disent qu’ils n’ont plus les sommes nécessaires pour poursuivre», a-t-il affirmé au Devoir.