Culture

Guillaume Duranceau-Thibert : à la rencontre de peuples nomades qui «ont tout à nous apprendre»

Il y a 3 heures
Modifié à 17 h 09 min le 05 septembre 2025
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Ces voyages ont réservé beaucoup de surprises à Guillaume Duranceau-Thibert.  (Photo : gracieuseté TV5)

Aventurier aguerri, Guillaume Duranceau-Thibert est parti à la rencontre de communautés nomades et semi-nomades qui vivent en montagne un peu partout sur le globe. Dans la série documentaire Peuple des sommets diffusée sur TV5, on voit l’agriculteur de La Prairie à la rencontre de cultures des Philippes, du Népal, de la Turquie, du Pérou, de Madagascar (entre autres), curieux d’en apprendre plus sur les traditions millénaires et le quotidien de ces peuples.

 

Comment est né ce projet ?

«On s’est rendu compte que les peuples en région montagneuses ou éloignées ont davantage préservé leur culture que d’autres peuples nomades ou semi nomades qui ont été en contact avec la modernité. La montagne faisait office de rempart, de palissade, pour le meilleur et pour le pire. On trouvait que c’était intéressant d’aller à la rencontre de ces gens qui vivent parfois dans une bulle, et qui parfois sortent de la bulle.»

Comment ont été établies les destinations ?

«Ah ça, c’était tout un casse-tête!  Plus c’est creux, moins il y a d’informations sur ces peuples. Quand on fait du travail en amont, ça part de livres, de photographies, on essaie de trouver des filons sur Internet. Ça donnait parfois peu d’indices, et c’était ça qui était intéressant. Mais ça vient parfois avec des surprises. Sur place, il faut improviser et on avait la bonne équipe pour ça.»

Quel genre de surprises ?

«De tous les niveaux. Parfois, on est supposé rencontrer des gens, mais on se rend compte qu’ils n’existent pas. On devait faire des activités qui nous semblaient intéressantes, mais sur place ce n’était pas ça du tout. Tu n’as pas le choix d’être un peu caméléon. Tu as un plan de match, mais tu retournes ton plan, et c’est une page vierge, et tu te laisses aller. Je ne voulais pas donner mon opinion sur comment ils vivent, mais les laisser raconter leur histoire.»

Était-ce facile d’établir le contact avec ces peuples ?

«C’était plus facile pour certains que pour d’autres. Pour certaines communautés, j’avais l’impression que c’était un peu comme un testament. Ils avaient envie de raconter qui ils étaient, leurs traditions, leurs coutumes. Mais, que ce soit creux dans le désert ou dans la jungle, la modernité se rapproche, tranquillement. Quand la nouvelle génération apprend qu’il y a un autre monde… Je voyais des jeunes qui se disaient : attend, mais il y a autre chose? Dans certaines communautés, les jeunes voulaient quitter le peuple autochtone, et d’autres, le contact de la modernité est juste une façon de s’adapter.»

(Photo : gracieuseté  TV5)

À quoi ressemblait l’équipe sur le terrain ?

«On était une petite équipe : une réalisatrice, un caméraman et un interprète.  Parfois, les enfants, c’est la première fois qu’ils voyaient des gens venus d’ailleurs. Tranquillement est le mot d’ordre. Tu devais arriver en humain : on se présentait, on prenait un café, on mangeait avec eux. Ils voyaient qu’on était là pour les bonnes raisons.»

As-tu parfois craint pour ta sécurité ?

«Je me sentais en confiance avec les gens, mais il reste des impondérables. Aux Philippines, on s’est fait attaquer par un gros serpent noir qui a manqué de peu le caméraman. Le chef a coupé le serpent avec sa machette et on a fait un souper! Pour eux, chaque événement a une raison. On s’est fait attaquer par des essaims d’abeilles aussi… On est à la merci de notre environnement.».

Que peut-on apprendre de ces peuples ?

«Ils ont tout à nous apprendre! Ici, on n’est jamais dans le moment présent, on est connectés avec une espèce de toile d’araignées de relations de gens, qui fait que tout va rapidement. Puis ces gens, c’est le contraire, les relations qu’ils ont, c’est face à face. Ils sont ancrés dans le moment. Ils sont en pleine connexion avec la nature. Ce qui dicte leur mode de vie, c’est le lever et le coucher du soleil, les saisons, car ils vont vivre d’agriculture de subsistance. Ils vont connaitre comme le fond de leur poche que le passage d’un oiseau, c’est la présence d’une proie plus loin.»

Y a-t-il encore des irritants dans le fait de voyager, malgré le grand globe-trotter que tu es ?

«Mais oui, c’est sûr! On évolue en tant que personne. Des choses ne te dérangent pas quand tu as 20 ans, et là c’est plus difficile à vivre. D’habitude, je voyage selon mon rythme, ma façon, là je devais laisser ça derrière et m’adapter à eux : dormir dans une tente, une hutte… Ce n’est un tournage où tu fais semblant le jour et où tu retournes à l’hôtel le soir. C’est une immersion complète! Oui, une fois il y avait des puces dans le lit, c’est arrivé qu’on a été malade. On a passé une semaine sans se laver… je devais travailler sur moi! Et au retour, ça te permet d’apprécier chaque petite chose…L’eau chaude, on la prend tellement pour acquis!»

 

(Photo : gracieuseté  TV5)