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La ferme Poissant et fils perd chaque jour 500 à 700 litres de lait

le mardi 28 avril 2020
Modifié à 14 h 25 min le 28 avril 2020
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Les producteurs de lait se retrouvent dans une situation précaire, alors que la consommation de la population change et génère des pertes considérables pour eux. C’est le constat que fait Jean-Claude Poissant de la ferme laitière et céréalière familiale portant son nom à Saint-Philippe. M. Poissant indique qu’il a commencé à jeter du lait il y a environ trois semaines, au début du mois d’avril. Son troupeau d’environ 65 vaches produit entre 1 600 et 1 700 litres par jour. Il en jette de 500 à 700 litres par jour. Ses pertes sont d’environ 10 000$ au total jusqu’à maintenant. Alors que les producteurs laitiers dans la province ont fait des dons atteignant 4,3 M de litres de lait pour éviter le gaspillage, M. Poissant doit tout de même en jeter. Il ne peut quantifier ce qui est donné de ses lots, puisque c’est la Fédération des producteurs de lait du Québec qui gère le tout. Pour éviter les pertes, le producteur laitier de Saint-Philippe s’est mis à fabriquer du fromage ainsi que de beurre et veut essayer de faire de la crème glacée pour lui-même et sa famille. Consommation différente Selon M. Poissant, «les usines ne sont pas prêtes pour répondre à la nouvelle demande des consommateurs. Avec les restaurants et écoles fermés, il y a une diminution, mais les gens cuisinent plus. Donc, ils ont besoin d’autres produits laitiers.» Un autre aspect qui a un impact est celui de la consommation locale, qui semble prendre de plus en plus d’importance en ces temps de crise. «Moi, ça fait plus de 20 ans que je prône cela, défend M. Poissant. Il y a une belle sensibilisation qui se fait et ça peut aider les fermes. Ça doit s’appliquer pas seulement aux produits agricoles. On s’inquiète quand même que ça ne dure pas.» Champs Pour la ferme Poissant, la production céréalière est meilleure cette année. En date du 27 avril, elle était en avance de trois semaines sur la semence de blé et de maïs, notamment. «Ce n’est toutefois pas assez pour pallier les pertes. On produit du maïs à des fins d’alimentation et pour le biocarburant, mais les usines d’éthanol sont fermées présentement, alors le prix est à la baisse», explique M. Poissant. En se comparant à d’autres entreprises, l’agriculteur reste tout de même positif. Il nomme entre autres les maraîchers qui manquent de main-d’œuvre. À son avis, les fermes maraîchères produiront probablement de 25 à 30% moins cette année. «Nous, c’est surtout mécanique pour les céréales. Mais pour le troupeau, on a normalement deux travailleurs du Guatemala et là, on en a juste un», explique-t-il. M. Poissant ajoute qu’après l’appel du gouvernement du Québec pour que des gens de la province travaillent sur les fermes, il a reçu quatre candidatures. Toutefois, il s’agissait de travailleurs voulant aider les maraîchers.