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La musique affecte l’audition des jeunes

le mercredi 28 juin 2017
Modifié à 0 h 00 min le 28 juin 2017
Par Martine Veillette

mveillette@journaldechambly.com

Les jeunes d’aujourd’hui seront peut-être plus nombreux à avoir des problèmes de surdité dans les prochaines années.

Des spécialistes de l’audition affirment qu’écouter de la musique avec des écouteurs à un volume élevé longtemps et régulièrement affecte l’audition à long terme.

La norme sécuritaire pour un son comme de la musique est de 75 décibels. À titre d’exemple, le volume maximal d’un iPod est de 105 décibels. Des études ont démontré qu’un tiers des jeunes écoutaient la musique trop forte.

«Plus on écoute la musique fort, plus la surdité peut arriver rapidement», indique Céline Riopel, audiologiste à l’Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay.

Elle recommande de ne pas monter le volume à plus de la moitié du maximum et de ne pas en écouter pendant plus de 60 minutes. «Quand tu écoutes de la musique, tu devrais être capable d’entendre quelqu’un qui te parle, sinon c’est trop fort», dit-elle.

Michel Nadeau, membre de l’association Audition Québec, croit aussi que ne pas écouter la musique trop forte et trop longtemps est la base de la prévention.  Le résident de Candiac a présenté, durant trois ans, des conférences sur la santé auditive dans des lieux publics.

Il suggère aussi d’utiliser des écouteurs qui couvrent l’oreille, puisqu’ils coupent les bruits ambiants et nécessitent moins de monter le son.  

Mme Riopel ajoute que quand les oreilles sillent ou qu’il y a de l’acouphène, c’est un indicateur que des cellules sont endommagées.

Aimé Masliah, propriétaire des Centres  Masliah d’audioprothésistes, dont l’un est à La Prairie, conseille aux parents d’encadrer l’utilisation des technologies auprès de leur enfant. En tant que père, il bloque les décibels du téléphone de sa fille par précaution.

«Plus ils sont jeunes, plus ils endommagent rapidement leurs oreilles. Ils sont plus fragiles», dit-il.

Les spécialistes recommandent l’utilisation de bouchons dans les endroits bruyants, comme des spectacles de musique en salle. Mme Riopel précise que des bouchons spécialisés avec un filtre se vendent dans des magasins d’instruments de musique.

Irréversible

Les experts rappellent que les dommages causés aux oreilles sont permanents.

«Le problème avec l’audition, c’est que quand elle se détériore, elle ne se régénère pas. On ne se rend pas compte tout de suite d’une perte d’audition. Souvent, ça prend une baisse importante pour s’en rendre compte», souligne Mme Riopel.

«Aucune chirurgie ne peut guérir ce problème, renchérit M. Masliah. Il faut faire comprendre aux enfants que perdre de l’audition, ça ne reviendra pas. Porter un appareil, ça ne les enchante pas généralement.»

M. Nadeau sensibilise les gens aux conséquences de la surdité. «C’est une question de sécurité d’entendre. Une personne sourde qui vit seule n’entendra pas le détecteur de fumée et peut passer au feu. Si elle n’entend pas une voiture qui arrive, elle peut se faire frapper. Quand on prend conscience de ça, ça réveille un peu», dit-il

M. Masliah mentionne que l’âge moyen de sa clientèle diminue de façon régulière. Cependant, il note que les gens sont davantage portés à consulter plus tôt qu’avant, puisqu’ils sont plus sensibilisés aux problèmes d’audition. Les personnes âgées constituent encore la majorité de sa clientèle.

Pour sa part, Mme Riopel n’a pas remarqué de diminution dans l’âge de sa clientèle. Elle croit qu’elle verra les jeunes qui ont écouté de la musique davantage dans les prochaines années. «Avant de se rendre compte qu’elle a une perte d’audition et qu’elle consulte, la personne  doit avoir une baisse considérable», dit-elle.

Depuis deux ans, des cliniques du Québec font des dépistages à l’occasion de la Journée nationale de l’audition en mai, mois de la sensibilisation à l’audition.

«Il faut consulter et ne pas attendre d’être sourd. Il est important de passer un audiogramme régulièrement», affirme M. Nadeau.

Étude

Céline Riopel, audiologiste à l’Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay, cite une étude réalisée en Inde en 2014 auprès de 1000 étudiants. Le quart n’écoutait pas de musique. La même portion en écoutait 2 heures par jour. L’autre quart, une heure par jour et les derniers, de temps en temps. 8% des jeunes qui avaient écouté 2 heures par jour ont développé une surdité au son aigu et 2% chez ceux qui l’avaient écouté durant une heure.

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