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La Prairie a eu son lot d’inondations autrefois

le mercredi 01 mai 2019
Modifié à 15 h 54 min le 01 mai 2019
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Alors que plusieurs municipalités du Québec doivent affronter des inondations, la Ville de La Prairie a fait face autrefois à ce problème récurrent. L’auteur Gaétan Bourdages rappelle ces faits dans son livre La Prairie – Histoire d’une ville pionnière, publié en 2013. Au 18e siècle, les voyageurs, dont le Suédois Perh Kalm, décrivent les dégâts causés par ces inondations à La Prairie. «Non seulement le village était-il inondé, mais les terres des cultivateurs l’étaient également. […] Les habitants élevaient des buttes de terre, lesquelles servaient de campement temporaire jusqu’à ce que l’habitation redevienne habitable. Afin d’éviter que le flot lève la maison, il était pratique courante d’ouvrir la porte de la cave», lit-on dans le livre de M. Bourdages, membre de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine.   Blocs de glace Dans la région de Montréal, la glace se formait sur le fleuve entre le 25 décembre et le 15 janvier. La débâcle survenait généralement vers la mi-avril. Le niveau de l’eau couvrait le chemin entre Laprairie (qu’on écrivait ainsi) et Saint-Lambert. «Parfois des maisons situées près du fleuve étaient coupées en deux par d’énormes blocs de glace entraînés par les flots. La glace emportait également les clôtures, les arbres et les plantations», mentionne l’auteur. «L’aqueduc manquant d’eau pour alimenter ses pompes à vapeur, poursuit-il, les citoyens sont privés d’eau potable. Il faut aller puiser l’eau au fleuve et la faire bouillir.»   Pont Victoria Dans la seconde moitié du 19e siècle, on constate que les inondations sont plus fréquentes et plus importantes qu’autrefois.  Plusieurs attribuent ce phénomène à la construction du pont Victoria dont le chantier débuta en 1854. L’ingénieur Thomas C. Kiefer recommande que la distance entre les piliers du pont soit aussi large que possible afin de faciliter le passage des grandes plaques de glace et éviter une amplification des eaux en amont. L’impact des inondations demeure aussi impressionnant durant la première moitié du 20e siècle comme le rapportait La Presse du 1er avril 1925. «La ville de Laprairie est complètement transformée par l’inondation qui exerce ses ravages […] Déjà 150 maisons ont été envahies ou entourées par les eaux qui montent toujours. Dans les rues, la profondeur de l’eau atteint une moyenne de 4 pieds et le niveau du fleuve est de 17 pieds au-dessus de son niveau normal. Les chaloupes et même les yachts à essence sillonnent les rues», lit-on.   Solutions Le gouvernement fédéral réalise des travaux pour mettre un terme aux inondations; mur de soutènement en caissons de bois et levée de terre d’une dizaine de pieds de hauteur seront notamment mis en place. Plus tard, des murets de béton seront érigés devant les vieux murs de bois, formant un rempart de plus de 19 pieds de hauteur par 7 pieds de profondeur. Ces travaux de protection se poursuivront jusqu’à la construction de la Voie maritime du Saint-Laurent durant les années 1950. Cet aménagement a permis le contrôle du niveau des eaux dans le bassin de La Prairie. «La pierre et la terre extraites du fleuve lors de la canalisation serviront éventuellement à remblayer les berges afin d’y mettre en place la route 132, avec pour conséquence d’établir une barrière quasi infranchissable entre les habitants de La Prairie et leur fleuve», indique M. Bourdages.