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La valeur des terrains bondit à Saint-Philippe

le vendredi 08 février 2019
Modifié à 11 h 49 min le 08 février 2019
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

Sophie Dumaresq et son conjoint ont sursauté en ouvrant leur compte de taxes 2019. Le couple de Saint-Philippe devra débourser 1 049$ de plus que l’an passé, pour un total de 3 690$. C’est principalement leur terrain de la rue Bernard qui a doublé de valeur, selon le nouveau rôle d’évaluation (2019-2020 et 2021). Leur bâtiment jumelé, quant à lui, a gagné le quart de sa valeur initiale. «Pour nous, c’est une hausse de taxes d’environ 40%, déplore-t-elle. On habite pourtant un semi-détaché qui a trois ans. On ne l’a jamais rénové», dit-elle. Guy Lafrance est dans une situation similaire. L’homme qui habite dans une maison mobile de la rue Deneault a vu la valeur de son terrain de 906 700 m2 passer de 89 000$ à 149 700$. En revanche, sa maison a perdu 22 000$ de valeur. Il a malgré tout 427$ en taxes supplémentaires à payer, puisque ses biens sont évalués à 209 200$. «Je ne comprends pas parce que la mairesse a dit que l’augmentation pour une maison unifamiliale de 300 000$ était d’environ 150$», dénonce le sexagénaire qui a l’impression qu’on veut le chasser. Carole Labranche, qui demeure aussi dans une maison mobile, rue France cette fois, devra pour sa part débourser 500$ de plus pour s’acquitter de son compte de taxes. Ses voisins seraient dans semblable situation. Réaction de la Ville Invité à commenter, le directeur général de la Municipalité, Martin Lelièvre, a expliqué que certains propriétaires payent plus cher parce que la valeur de leur maison et/ou de leur terrain a considérablement augmenté depuis le dernier rôle d’évaluation. La nouvelle évaluation foncière a été effectuée par la compagnie Leroux, Beaudry, Picard et associés et tient compte des transactions immobilières effectuées en 2015, 2016 et 2017. «Il y a une grosse demande pour les terrains dans les secteurs de maisons mobiles afin d’y construire des bâtiments à plusieurs portes, explique-t-il. C’est ce qui fait grimper les prix. De notre côté, on n’a aucun droit de regard sur les ventes. On peut seulement encadrer l’usage du type de construction par la suite.» Si la Ville n’a pas le choix de tenir compte de l’évaluation foncière, elle aurait néanmoins pu réduire le taux de taxation foncière par 100$ d’actif pour compenser, en partie ou en totalité, l’augmentation. Or, la Ville a dû l’augmenter de 5 sous en 2019 parce qu’elle n’avait pas d’autre marge de manœuvre pour équilibrer le budget, mentionne le directeur général.
«On gère très serré, mais ça reste difficile parce qu’on n’a pas d’autres sources de revenus pour le moment.» -Martin Lelièvre, directeur général de la Ville de Saint-Philippe
«L’année passée, on avait pigé 675 000$ dans les surplus, mais on l’avait pas cette année», dit M. Lelièvre. De plus, Saint-Philippe doit faire du «rattrapage» de revenus, selon lui. La Ville a un bon potentiel de développement, mais elle est limitée par le fait qu’elle n’a pas les infrastructures pour desservir les nouvelles résidences. C’est pourquoi Saint-Philippe veut construire une usine d’assainissement des eaux usées, ouvrant aussi la voie à un secteur industriel. Conscient qu’une part de la population est moins riche et que la Ville veut garder ses citoyens, le directeur général veut «inciter les promoteurs à réfléchir à des projets de jumelés» où l’espace pourrait être partagé selon une formule différente (ex: 40-60% ou 30-70%). Contester ou s’informer Les propriétaires insatisfaits de leur nouveau compte de taxes peuvent contester et demander une nouvelle évaluation. Il en coûte 75$ pour ce faire. Quatre citoyens auraient entrepris une telle démarche, selon la Ville. Plusieurs autres ont plutôt opté pour une rencontre individuelle d’une quinzaine de minutes avec un évaluateur. La Ville a ouvert deux journées pour répondre aux questions, les 11 et 13 février. Une troisième journée pourrait être ouverte, s’il y a une demande.