Opinion

Les congressistes en Speedo

le mardi 20 août 2019
Modifié à 9 h 07 min le 20 août 2019
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Êtes-vous esclave de votre cellulaire ? Du genre à l’amener partout. Ou si vous pouvez déposer votre téléphone plus d’une heure sans paniquer ? Parce que la dépendance à cet outil électronique semble avoir atteint de nouveaux sommets. Le 4 août, le soleil était radieux. Un temps chaud, une belle journée d’été. Idéale pour aller splasher de l’eau avec les enfants à Calypso. Vivre le bonheur, quoi !
Au beau milieu du plaisir en éclaboussures et à travers les cris de joie, j’ai aperçu une race de monde qui se trempe le corps jusqu’aux mollets. Le maillot bien sec. Avec le téléphone dans une pochette plastifiée qui pend au cou. Un peu comme une cocarde pour y inscrire son nom dans une réunion d’affaires.
Le genre de personne qui ne savoure pas le moment. Ou si peu. Mais qui est équipée pour savoir ce que ses semblables font au même instant. L’écran cellulaire dans toute sa splendeur qui domine l’écran solaire. Un peu comme la fille que j’ai aperçue au spa le mois passé. L’endroit où il faut murmurer à travers les remous des bains. La place où la seule chose que tu as le droit de faire, c’est relaxer. Rien d’autres n’est permis. Ça servait à quoi de s’étirer le bras dans l’aménagement floral pour prendre un selfie de son meilleur profil de duckface ? Instagram peut se passer de ta présence pendant que tu te trempes l’âme à 98 °C. Les réseaux sociaux, la course aux «likes», la connexion avec l’univers entier, trop d’êtres humains carburent à ça. Le moment présent et le monde qui nous entoure semblent tellement loin. On n’a jamais été autant partout à nulle part ensemble en même temps. D’avoir tout à sa portée et de rater l’essentiel qui se trouve juste devant.