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Les magasins toujours une saison à l’avance

le mardi 21 février 2017
Modifié à 0 h 00 min le 21 février 2017
Par Martine Veillette

mveillette@journaldechambly.com

Des habits de neige et des accessoires d’hiver en vente dès l’été, des articles de Noël sur les tablettes dès octobre, des items de jardinage disponible en février. Il n’est pas surprenant que des clients n’arrivent pas à trouver un produit lorsque la saison bat son plein.

«Je suis allé dans un magasin grande surface, le 5 décembre, pour acheter une maisonnette pour mon village de Noël. Je ne trouvais pas. J’ai demandé à un commis qui m’a dit que Noël se terminait le 1er décembre», raconte David Pronovost, de La Prairie.

«Mon gars est mini et on espère toujours une poussée de croissance. J’ai acheté un manteau plus grand pour qu’il fasse tout l’hiver, mais finalement il était beaucoup trop grand et je n’avais plus de choix», mentionne Roxanne Couture, de Saint-Rémi.

«Des bottes de pluie sont en magasin seulement au printemps. Que pouvons-nous faire quand notre enfant grandit l’été et que ses bottes ne font plus à la rentrée?» se questionne Véronique Vincent, de Saint-Philippe.

Des anecdotes du genre, Le Reflet en a récolté plusieurs.

Consommateurs

Selon Léopold Turgeon, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail, «c’est le consommateur qui veut ça», selon ses habitudes d’achat.

Pour Benoit Duguay, professeur titulaire à l'École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal et spécialiste de la consommation, il y a deux types de consommateurs. D’un côté, les avant-gardistes qui achètent à l’avance. Ils ont plus de choix et paient le plein prix. De l’autre, les consommateurs, plus nombreux, qui attendent les soldes.

Décidé d’avance

La mise en marché des items est un long processus. Au magasin L’Aubainerie, les collections sont décidées un an d’avance. «On est à finaliser la collection d’hiver 2017-2018», soutient Josée Martel, propriétaire du commerce à Saint-Constant.

Elle explique que les produits sont fabriqués en Chine. Ils doivent ensuite être expédiés par bateau, transférés sur des trains et être dédouanés avant d’arriver en magasin.

«On se prend plus tôt pour ne pas être pris au dépourvu s’il y a du retard. On veut avoir la marchandise au bon moment», indique-t-elle.

Dès que la marchandise est reçue, elle est mise sur le plancher, puisque le magasin doit payer la facture. De plus, le commerce doit suivre la concurrence.

«Si Costco met ses habits de neige en vente en juillet, je veux moi aussi les mettre pour que les acheteurs les prennent chez nous», soutient Mme Martel.

Elle précise toutefois que son magasin tient certains items classiques plus longtemps, comme des mitaines noires, afin que le consommateur qui en a besoin en janvier puisse en acheter.

Les vêtements d’été sont pour leur part offerts plusieurs mois dans l’année, puisque ça répond à une demande, notamment celle des voyageurs.

Au Dollorama, on indique que c’est le siège social qui décide la mise en marché des items. Un calendrier de ce qui doit se retrouver sur le plancher est envoyé à tous les commerces.

M. Turgeon, du Conseil québécois du commerce du détail, affirme que les marchands ne peuvent pas commander trop d’exemplaires pour ne pas rester pris à la fin de la saison avec un surplus.

«Ce sont des pertes. Le but est qu’il ne reste plus de marchandise», dit-il.

 

Noël dès octobre

Les données du Conseil québécois du commerce de détail montrent que 23% des achats de Noël sont réalisés en octobre, 34% en novembre et 37% en décembre.

Benoit Duguay, spécialiste de la consommation, soutient que la fin d’année est critique pour les commerçants qui se doivent de stimuler les consommateurs à acheter.

«C'est la période où les commerces commencent à faire des profits. C’est pour ça qu’ils insistent pour que les consommateurs dépensent leur budget des Fêtes chez eux», indique-t-il.