Opinion

Opinion: Lettre à ma fille sur les hommes violents

le mercredi 21 juillet 2021
Modifié à 18 h 06 min le 21 juillet 2021

(Photo: Gracieuseté)

Depuis que tu es petite, papa te dit que, peu importe ce que tu décideras de faire plus tard, personne ne pourra t’empêcher de vivre tes passions. Je te dis depuis toujours que, c’est par le travail que l’on parvient à ses buts. Bien sûr que peut-être, tu ne parviendras pas à tout faire mais l’important, c’est de commencer par en réaliser un et puis un autre…

Aujourd’hui ma fille, tu as quinze ans et demi et il y a aussi une chose que papa te dit depuis que tu es petite, c’est qu’une femme ne vaudra jamais moins qu’un homme en quoi que ce soit. Depuis quelque temps, tu entends parler comme tout le monde de féminicides, en tout cas, de la hausse fulgurante depuis la pandémie. 

Papa n’est pas un psy ou docteur en quoi que ce soit, mais un homme, un homme qui a vu et vécu la violence, un homme qui a connu des hommes violents et de leur façon d’embobiner leur victime et de se faire pardonner leur violence par des promesses d’ivrogne. Je sais de quoi je parle, ton grand-papa Sévigny que tu n’as pas connu a été un ivrogne une grande partie de sa vie, je l’ai vu battre de mes frères et sœurs, j’ai reçu une solide claque au visage, je l’ai entendu dénigrer ma mère en la traitant de bonne à rien, d’épaisse. Tu as des tantes qui ont vécu de la violence conjugale et papa est parfois intervenu d’une façon virile qui ne laissait aucun doute qu’il aurait à faire à moi si…

Là où je veux en venir ma fille, ne laisse jamais un garçon te faire du mal, que cela aille à te serrer fortement les bras ou à te dénigrer par des paroles cruelles et blessantes pour ensuite te jouer la comédie du pardon. Ce sera un leurre. Dès ce moment, je souhaite de tout mon cœur que tu en parleras à tes parents, peu importe l’âge que nous aurons. Nous serons toujours là pour toi.

Ne laisse jamais un garçon te faire faire une chose que tu ne veux pas faire et qu’il te dise : « Fais-le, prouve-moi que tu m’aimes ». Cela s’appelle du chantage émotif et ça n’a à avoir avec de l’amour.

Je sais, par expérience, qu’un enfant qui aura manqué d’amour, d’écoute et d’encouragement parental, son estime de soi sera plus susceptible de tomber dans le panneau de ces beaux parleurs violents qui tissent leur toile patiemment, avant d’enrober complètement celle qui tombera dans leur filet… Je sais aussi que cela peut arriver à une fille qui n’a pas manqué d’amour.

Ce ne sera jamais à toi de guérir un comportement agressif, un problème de drogue ou d’alcool. Il y a des professionnels de la santé mentale pour eux.

Je sais bien, un jour, tu tomberas en amour avec une fille ou un garçon, peu m’importe, mais la grande majorité de la violence dans un couple provient de l’homme et c’est de ces hommes dont papa voulait te parler.

Je t’aime.

Papa

Pierre Sévigny