Opinion

Lettre ouverte : Pour Guillaume

le mercredi 24 avril 2019
Modifié à 16 h 14 min le 24 avril 2019
J’ai passé plusieurs soirées avec mes amies à rebâtir le monde, à créer des projets qui ne verraient jamais le jour. La vie au quotidien étant déjà surchargée avec la famille et le travail, cette envie d’aider n’était malheureusement pas prioritaire. Néanmoins, le 16 décembre 2018, tout a changé. Mon fils de 9 ans, Guillaume, mourait subitement. Sa mort a ébranlé ma vie mais également la vie de plusieurs. Nous avons dû arrêter de courir après le temps et regarder autour de nous. Prendre le temps de voir autour de nous. C’est ainsi que la vague a commencé. Un mouvement d’entraide s’est créé à travers l’action de plusieurs personnes. Des repas nous ont été offerts. Notre perte touchait tout le monde. Le jour des funérailles de Guillaume, cette vague d’amour fut déstabilisante et réconfortante. Plus de 1 000 personnes se sont mobilisées un 23 décembre pour nous épauler. Malgré cette tragédie, nous avons célébré les neuf années de sa vie. Les témoignages lors de la cérémonie ont démontré à quel point l’empathie était sa force. Le soir venu, sa marraine lançait une chaîne de donner au suivant en son honneur sur Facebook. Cette chaîne est partie dans tous les sens et l’amour s’est répandu. Les jours suivants, mon besoin d’atténuer ma douleur, mais surtout celle de mes proches, s’est transformé en besoin de donner au suivant. J’ai réalisé que donner nous procurait du bonheur. Cette citation de Voltaire a pris tout un sens au travers de tout ce non-sens: «Le bonheur est souvent la seule chose qu’on puisse donner sans l’avoir et c’est en le donnant qu’on l’acquiert». Je me suis laissé porter par la vague d’entraide et d’autres projets ont vu le jour avec l’aide des marraines de Guillaume. Notre première sortie dans la rue a eu lieu. Nous avons distribué des pains aux bananes et du café aux sans-abris. Nous étions huit personnes à donner du bonheur en l’honneur de Guillaume. Lors de notre deuxième sortie, nous étions le double à participer et nous avions reçus énormément de dons pour venir en aide à ces âmes blessées. Nous espérons être le triple lors de notre prochaine sortie. Nous avons également, avec la générosité d’un tatoueur et d’une campagne de financement, amassé 1000$ pour la Fondation des maladies rénales. Guillaume est mort d’une malformation des glandes surrénales non diagnostiquée. Notre objectif dans cette vague de donner au suivant est d’attraper tout le monde dans notre tsunami d’amour et de partage. Je désire que la mort de Guillaume soit tel un caillou lancé dans l’univers et dont les échos résonnent à jamais dans nos cœurs. Une maman au cœur brisé   Ève Prégent, Sainte-Catherine