Culture

L’histoire troublante d’un albinos de Tanzanie

le lundi 20 novembre 2017
Modifié à 9 h 48 min le 20 novembre 2017
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

Dans son livre Les voleurs d’enfants albinos, Koffi Antoine Nadjombe raconte l’histoire de Paul, un albinos originaire de la Tanzanie qui a fui son pays pour échapper aux mauvais traitements infligés aux albinos. L’auteur résidant à Saint-Constant depuis 2007 a rencontré le personnage central de son récit sur un vol Montréal-Lyon. C’est durant cet itinéraire que Paul lui a raconté les terribles épreuves qu’il a dû surmonter, dont le meurtre de son père, lui aussi albinos, perpétré avec l’assentiment d’un des membres de sa famille. Son oncle Albert avait reçu de l’argent pour livrer son père à des criminels. Alors qu’il n’était qu’un adolescent, Paul a aussi perdu sa mère et sa sœur. Il a ensuite dû s’exiler en Suisse pour sauver sa peau. «En Tanzanie, il existe des mythes selon lesquels les parties du corps d’un albinos ont des vertus magiques, explique M. Nadjombe. Plusieurs sorciers ou charlatans profitent de ces croyances pour faire du trafic humain et les albinos se sentent constamment en danger.» Bouteille à la mer À la sortie de l’avion, M. Nadjombe a fait la promesse à son interlocuteur qu’il écrirait son histoire; ce qu’il a fait, en 280 pages. Or, le principal intéressé dont le nom de famille n’est jamais cité n’a pas lu ni même approuvé le produit final qui est autopublié, puisque M. Nadjombe a perdu sa trace. Dans son livre, l’auteur indique que Paul a fait une demande d’asile humanitaire à Genève et qu’il y demeure avec sa compagne Pauline. «Il m’avait laissé un numéro de téléphone, mais il n’était plus en service au moment où j’ai tenté de le joindre, explique l’auteur de trois autres ouvrages. J’espère que par le truchement d’Internet, il le verra et entrera en contact avec moi. Mais je continue de le chercher.» Droits de l’homme [caption id="attachment_35221" align="alignright" width="351"] Koffi Antoine Nadjombe garde espoir de trouver une maison d’édition pour publier son livre à plus grande échelle.[/caption] Originaire du Togo, M. Nadjombe dit avoir été touché par le récit de son compatriote africain. «L’engagement pour les droits humains est important pour moi et le but avec ce livre – qui n’est pas une fiction – est d’exposer une pratique odieuse qui a encore cours en Tanzanie», dit-il. Celui qui enseigne à une classe de 5e année dans une école primaire de LaSalle dit vouloir remettre une partie des recettes de la vente de son livre à l’Association québécoise des parents d’enfants handicapés visuels, un organisme de Greenfield Park venant en aide aux albinos. En attendant que M. Nadjombe trouve une maison d’édition, Les voleurs d’enfants albinos peut être acheté en écrivant à l’auteur à l’adresse nkantoine@gmail.com. Le livre est vendu au coût de 15$.   Qu’est-ce que l’albinisme ? L’albinisme est une condition héréditaire: les individus héritent de cette dysfonction de leurs parents par la transmission de gènes qui causent cette maladie. Les personnes atteintes d’albinisme ont peu ou pas du tout de pigments dans les yeux, la peau et les cheveux (ou dans certains cas seulement dans les yeux). Les gènes fautifs ne permettent pas au corps de produire la quantité normale d’un certain pigment appelé mélanine. Une personne sur 17 000 est atteinte d’une certaine forme d’albinisme. L’albinisme peut affecter des personnes de toutes les races. (Source: Association québécoise des parents d’enfants handicapés visuels)