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L’historien Hugues Théorêt lève le voile sur « La Patente »

le dimanche 11 février 2024
Modifié à 10 h 34 min le 09 février 2024
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

L’historien Hugues Théorêt s’est attardé aux activités et à l’influence de l’Ordre de Jacques-Cartier, active au Québec de 1926 à 1965. (Photo gracieuseté)

Plusieurs en ont entendu parler, mais peu de gens connaissent réellement les tenants et aboutissants de l’Ordre de Jacques-Cartier, aussi connu sous le nom de «La Patente», que l’historien Hugues Théorêt décortique dans un nouvel ouvrage à paraître le 20 février aux Éditions du Septentrion. 

La Patente était une société secrète regroupant plusieurs membres de l’élite canadienne-française et qui a été active de 1926 à 1965. L’auteur présente d’ailleurs l’Ordre de Jacques-Cartier comme le «dernier bastion du Canada français». 

«L’Ordre voulait faire contrepoids à d’autres sociétés actives à l’époque, comme les Knights of Colombus (Chevaliers de Colomb) d’origine irlandaise, les Francs-Maçons ou les Orangistes, toutes des société anglophones, pour étendre la présence canadienne-française au sein des instances fédérales», explique l’historien campivallensien.

À cet égard, par son action, l’Ordre aura contribué à plusieurs avancées, notamment pour accentuer le bilinguisme à Postes Canada, dans les Forces armées, pour l’adoption du drapeau fleudelysé ou dans l’émission des chèques du gouvernement d’Ottawa.

À son apogée, dans les années 50, l’ordre comptait plus de 40 000 membres et comptait des «commanderies» dans quelque 400 localités du pays.

Comme il le détaillera lors de sa conférence prévue le 18 mars prochain à la Société d’histoire et de généalogie de Salaberry, l’Ordre a établi sa 24e commanderie le 30 mars 1931 à Salaberry-de-Valleyfield, qui portait la dénomination de Jean de la Lande. D’autres ont aussi été instaurées à Beauharnois en 1932, dans Soulanges en 1934 et à Rigaud en 1935.

Bien que considérée comme une société secrète, l’Ordre de Jacques-Cartier comptait sur de solides assises au sein de l’Église catholique. Des personnages illustres comme le cardinal Paul-Émile Léger et l’évêque Mgr Alfred Langlois y ont occupé d’importantes fonctions, note Hugues Théorêt, qui a notamment retracé certains documents à l'Évêché de Valleyfield.

D’autres personnages connus comme Jean Drapeau, Jacques Parizeau, André Laurendeau ou Pierre Laporte ont aussi compté parmi les membres de La Patente.

Établi dans la région d’Ottawa, où la société avait sa chancellerie depuis sa fondation, Hugues Théorêt a été sensibilisé à ce sujet en prenant conscience des multiples combats menés par les communautés canadiennes-françaises en Ontario et au Manitoba, notamment.

Il a pu compter sur la collaboration de l’historienne Denise Robillard, qui a elle-même publié un ouvrage très complet sur le sujet.

«J’ai voulu rendre cette information plus accessible au grand public, dit-il, en me basant surtout sur le contenu de la revue L’Émérillon, que la société publiait et qui faisait état des enjeux soulevés à l’époque.»

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