Maltraitance envers les aînés : la police de Roussillon invite à dénoncer

Michel Guillemette, directeur de la Régie intermunicipale de police Roussillon, Philippe Gribeauval, président-directeur général pour le CISSSMO, ainsi que Isabelle Lefebvre, directrice des services de soutien à domicile et de la gériatrie au CISSSMO. (Photo : Le Reflet – Tristan Ouimet)
La Régie intermunicipale de police Roussillon lance un programme qui vise à encourager davantage à signaler la maltraitance envers les personnes âgées, et ce, à l’échelle de la population de la région desservie par le service de police.
Ce projet intitulé Voir, entendre et en parler!, dont le lancement s’est fait le 10 juin en après-midi à Candiac, veut entre autres atteindre les aînés «plus isolés», alors qu’ils sont «souvent plus vulnérables» à la maltraitance et «moins visibles» au sein du réseau public, spécifie le corps policier.
«En fait, c’est toute personne qui peut être en contact avec les personnes aînées, que ce soient les poupottes roulantes, un livreur de pizza ou encore un pompier qui vérifie les détecteurs de fumée [qui peuvent signaliser]», fait savoir Michel Guillemette, directeur du corps policier, en entrevue avec le Reflet.
Michel Guillemette, directeur de la Régie intermunicipale de police Roussillon. (Photo : Le Reflet – Tristan Ouimet)
Il s’agit d’un partenariat avec le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO), plus spécifiquement le CLSC Kateri à Candiac.
Dans le cadre de cette initiative, une ligne confidentielle et anonyme de la Régie intermunicipale est active. La ligne en question est le 450 638-0911, poste 777.
Après qu’une personne ait fait un signalement à cette ligne, les informations recueillies permettront à un agent aux relations communautaires de la Régie et à un intervenant social de soutien à domicile du CLSC d’intervenir ensemble pour aider la personne concernée, informe le corps policier.
Une initiative de collaboration
Isabelle Lefebvre, directrice des services de soutien à domicile et de la gériatrie au CISSSMO, indique que ce programme est une belle collaboration avec la communauté et les partenaires ; le programme permettra de repérer la «clientèle plus isolée».
«Ça va chercher différents partenaires, comme à titre d’exemple, des livreurs en pharmacie qui livrent les médicaments, explique Mme Lefebvre. Donc, on va les former, les sensibiliser, on va leur donner accès à la ligne sécurisée, si jamais à titre d’exemple, ils font la distribution de médicaments et qu’ils sont témoins d’une suspicion de maltraitance, bien ils pourraient faire un signalement de façon confidentielle, toujours dans la bienveillance, pour nous aviser qu’il y a une suspicion.»
«En partenariat avec la police, j’ai des intervenants du soutien à domicile, des psychosociaux qui feront l’analyse, qui traiteront la suspicion de maltraitance, puis ça nous permet de mettre en place un filet de sécurité, d’intervenir en amont et avant qu’il soit trop tard aussi», ajoute-t-elle.
Elle laisse entendre qu’avec le vieillissement de la population, le besoin de travailler avec la communauté et les partenaires pour arriver à répondre aux besoins de la population est nécessaire.
Pour Isabelle Lefebvre, le choix pour un aîné de signaler ou non une situation est «propre à chaque personne», mais cela peut être lié au contexte familial, à la méconnaissance de l’offre de service ou à la crainte d’être expulsé de chez soi.
La maltraitance envers les aînés est sous différentes formes, soit psychologique, physique, sexuelle, matérielle et financière, organisationnelle (exclure les personnes des décisions les concernant à titre d’exemple), l’âgisme, ainsi que la violation des droits.
Signalements en hausse
Michel Guillemette indique que «de mémoire», il y a eu 24 signalements en matière de maltraitance envers des personnes âgées de plus en 2024 qu’en 2023.
«Sauf qu’il y a un chiffre noir parce que souvent les personnes vulnérables sont insécures et ne veulent pas dénoncer, avoue-t-il. Donc, il y a un chiffre qu’on ne contrôle pas. Et en lançant ce projet-là, bien on compte sur 1/3 qui va peut-être faire la dénonciation pour la personne aînée ou aider la personne à acheminer dans une future dénonciation.»
Questionné sur les trois différentes formes de maltraitance envers les aînés les plus signalées, M. Guillemette répond en premier les fraudes, notamment les «fraudes grands-parents», puis les voies de faits (physique) et les vols (sac à main, véhicule à titre d’exemples).