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Marraines d’allaitement

le mercredi 14 septembre 2022
Modifié à 14 h 56 min le 14 septembre 2022
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Margaux Soprano, Audrey de Montigny et Jannick Lefebvre-Dupuis, marraines d'allaitement chez Amitié Matern'elle. (Photo: Le Reflet - Denis Germain)

Margaux Soprano et Jannick Lefebvre-Dupuis parlent avec affection de leurs «filleules», ces mamans qu’elles prennent sous leur aile pour les accompagner dans leur expérience d’allaitement. En quatre ans de marrainage chez Amitié Matern’elle, jamais la première n’a pas réglé un problème. «Au fond, les mères veulent d’abord être rassurées et écoutées», confie Mme Soprano.

La résidente de Delson n’a pas été informée sur l’allaitement lors de sa première grossesse. Puis, son amie a vécu une dépression post-partum, notamment parce qu’elle n’était pas en mesure d’alimenter son bébé et qu’elle n’avait pas reçu de soutien de son médecin.  

«Je ne pouvais pas rester là à ne rien faire devant ce genre d’injustice», explique-t-elle pour justifier son bénévolat en tant que marraine d’allaitement.

Mme Soprano est l’une des 25 membres de l’organisme qui demeurent accessibles en tout temps pour leurs filleules, de nuit comme de jour. Un appel, un texto ou une visite en personne suffit pour apaiser leur détresse.

«Elles ont besoin de ventiler, pleurer, nous poser des questions. La plupart sont brûlées, épuisées», fait savoir celle qui évoque un lien de «guide» entre la marraine et sa filleule.

«Toutes les marraines doivent avoir allaité pendant au moins six mois. Nous avons donc de l’expérience et des conseils à partager à celles qui passent par cette étape», enchaîne Mme Lefebvre-Dupuis, qui a été mise au courant de l’existence de l’organisme par le CLSC Kateri.

La résidente de Saint-Constant a récemment rejoint Amitié Matern’elle après avoir accouché à deux reprises durant la pandémie.

«J’avais envie de voir des gens et de briser mon isolement. L’allaitement était plus difficile avec mon deuxième bébé, mais ma marraine m’encourageait», raconte celle qui souhaitait redonner à son tour.  

Pas de jugement

Les deux femmes apportent une nuance. Elles ne mettent pas de pression sur la mère et son entourage pour promouvoir l’allaitement. Qu’elle y parvienne pendant trois mois ou qu’elle prolonge l’expérience durant trois ans, la filleule n’est pas jugée ni «forcée».

«C’est ton bébé, alors tu fais ce qui te rend confortable. Tu peux allaiter en public ou en privé, c’est ton choix, martèle Mme Soprano. Nous ne sommes pas des folles à l’allaitement!»

Elles constatent une hausse de l’intérêt pour cette pratique, mais essentiellement parce que le sujet est davantage abordé, croient-elles.

«Et, évidemment, les expériences négatives d’allaitement en public rapportées dans les médias font connaître l’allaitement», fait remarquer la Delsonnienne.

Cafés-causerie

L’organisme tient des cafés-causeries au Centre municipal de Saint-Constant où les mères peuvent échanger sur divers sujets. Ces activités reprendront le 14 septembre, après une pause imposée par la pandémie pour ne pas mettre à risque la santé des participantes et de leur poupon. Celles qui souhaitent y prendre part ou recevoir l’aide d’une marraine sont invitées à communiquer avec Amitié Matern’elle via sa page Facebook.

«On croit à tort que l’allaitement est un ‘’problème de maman’’ parce qu’elle a les seins pour nourrir son enfant, alors que ça concerne aussi son entourage.» -Margaux Soprano, marraine d’allaitement

Une expérience transformatrice

Stressée et au bord des larmes, Myriam Lavoie ne voulait plus sortir de chez elle, même si sa cousine, Jannick Lefebvre-Dupuis, insistait. «Elle m’a dit que ça allait me faire du bien de discuter avec d’autres mères et elle avait raison. Aujourd’hui, certaines des femmes que je côtoie chez Amitié Matern’elle sont mes amies», se réjouit la résidente de Saint-Constant, qui fréquente l’organisme depuis un an. La maman de 28 ans a ressenti la solitude dès l’annonce de sa grossesse. Comme éducatrice en service de garde, elle a immédiatement été retirée de son milieu de travail pour prévenir les risques pour sa santé. «C’est long, être seule à la maison à partir de ta quatrième semaine!» fait-elle remarquer. Elle a communiqué avec sa marraine d’allaitement à plusieurs reprises, puis cette dernière lui a partagé ses conseils. Elle a fait office de présence réconfortante, confirme Mme Lavoie. «Ça m’a détendue. Si tu es stressée, le bébé le ressent», observe-t-elle. La Constantine entend retourner aux cafés-causeries cet automne.