OPINION - La transformation sociale implique aussi les drag queens

À la suite des évènements du 2 avril, le Centre de femmes l’Éclaircie déplore l’intolérance grandissante à l’égard des personnes marginalisées, notamment celles de la communauté 2SLGBTQIA+ et de la Drag. Cette montée de la haine n’est pas unique à la ville de Sainte-Catherine, mais bien partout au Québec, ce qui est d’autant plus inquiétant. On pouvait lire sur des pancartes, ce dimanche matin, un appel à laisser les enfants se découvrir par eux-mêmes ou à contraindre l’art de la Drag dans les bars. Or, derrière ces pancartes et ces revendications soi-disant bienveillantes pour les enfants, se cache beaucoup d’ignorance et d’homophobie/transphobie. Il est essentiel de comprendre et d'aborder ces questions sous-jacentes pour combattre l'intolérance et créer une société plus inclusive, tel que l’espère et y travaille le Centre de femmes l’Éclaircie.

La montée de l'intolérance et de l'extrême droite remet en cause le principe même de tolérance, tel qu'il a été décrit et réfléchi par le philosophe Karl Popper. Pour vous faire un court résumé, le paradoxe de la tolérance signifie que si nous sommes trop tolérants vis-à-vis de l'intolérance, nous risquons de la laisser se développer et se répandre[1]. Il devient primordial de tracer une ligne franche entre les discours légitimes et les discours haineux, et de prendre des mesures pour contrer les effets néfastes de l'intolérance. Eh oui, il faut répondre à l’intolérance par l’intolérance. De là, le paradoxe.

Il convient de noter que l'extrême droite justifie souvent ses croyances et ses actions intolérantes en faisant appel à la protection des enfants et des traditions. Elle prétend que la communauté 2SLGBTQIA+ menace les structures et les valeurs familiales traditionnelles et qu'il est néfaste d'exposer les enfants à ces idées. Toutefois, cet argument est erroné et ne tient pas compte du fait que les personnes et les familles 2SLGBTQIA+ ont toujours existé et font partie de notre société. La recherche a montré que les enfants élevés dans des familles 2SLGBTQIA+ sont tout aussi sains et bien adaptés que les enfants élevés dans des familles hétérosexuelles[2]. Ce n'est pas l'exposition à des modes de vie différents qui est préjudiciable aux enfants, mais plutôt la discrimination et l'intolérance à l'égard de ces communautés.

En outre, l'accent mis par l'extrême droite sur les traditions est sélectif et souvent basé sur une version romancée et idéalisée du passé. Cela ne tient pas compte du fait que les traditions et les normes culturelles sont en constante évolution et que le progrès vers une société plus inclusive et plus égalitaire est essentiel pour le bien-être de toustes. L’appel de l'extrême droite à la protection des enfants et des traditions est une tentative à peine voilée de justifier son sectarisme et son intolérance à l'égard de la communauté 2SLGBTQIA+. Il est important de reconnaître cela pour ce que c'est et de continuer à défendre les droits et la dignité de tous les individus, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.

Malgré ces défis, au Centre de femmes l’Éclaircie, nous croyons qu’il y a des raisons d'espérer. De nombreuses personnes au Québec et dans le monde entier défendent les droits des communautés marginalisées et plaident en faveur d'une société plus inclusive. La communauté LGBTQ+, en particulier, a fait de grands progrès ces dernières années, grâce à des avancées en matière de protection juridique et d'acceptation sociale. Ces progrès témoignent de la résilience et de la détermination de la communauté 2SLGBTQIA+ et de ses allié·es.

En conclusion, nous considérons qu’il est important de s'attaquer aux problèmes sous-jacents de l'ignorance et de l'homophobie pour lutter contre la montée de l'intolérance et de l'extrême droite au Québec. Nous devons également être conscients que l’intolérance ne peut être accueillie par une tolérance aveugle ; il faut prendre des mesures pour contrer les discours haineux et discriminatoires. Malgré ces défis, il y a de nombreuses raisons d'espérer et nous devons continuer à travailler pour une société plus inclusive qui valorise et célèbre la diversité.

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Le Centre de femmes l’Éclaircie, Sainte-Catherine

[1] Popper K. R. (1966). The open society and its enemies. Princeton University Press.

[2] American Psychological Association. (2005). Lesbian and gay parenting. Retrouvé sur https://www.apa.org/pi/lgbt/resources/parenting-full.pdf