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COVID-19

Des paramédics prêtent main-forte en clinique de dépistage

le lundi 19 octobre 2020
Modifié à 13 h 35 min le 19 octobre 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Une vingtaine de paramédics de la CETAM ont temporairement troqué l’ambulance pour prêter main-forte au personnel médical dans les cliniques de dépistage de COVID-19. Et ils y seront, tant et aussi longtemps que les besoins se feront ressentir, soit possiblement jusqu’en décembre. Parmi les huit paramédics déployés sur le territoire du CISSS de la Montérégie-Ouest, qui ont levé la main dès le 28 septembre, se trouve Simon Jeanneau. Ce dernier, comme ses collègues, se déplace entre les cliniques de masse du secteur de Châteauguay/Valleyfield. «On voulait mettre l’épaule à la roue», explique-t-il. Lors du délestage, divers professionnels ont soutenu les infirmières pour accélérer le dépistage. Depuis que les services ont repris, des besoins devaient être comblés. [caption id="attachment_101445" align="alignright" width="444"] Simon Jeanneau, vêtu en rouge, à droite[/caption] «On a été très bien accueillis. Les gens nous ont pris sous leurs ailes. C’est très agréable, malgré la situation», soulève M. Jeanneau. Bruce Dyotte fait quant à lui partie des 13 paramédics en prêts de services au CISSS de la Montérégie-Centre. Depuis le 1er octobre, il travaille surtout à la clinique du 4025, boul. Taschereau. «Vieux de la vieille» de son propre aveu, il avait envie de relever ce défi et de tenter de «participer différemment» à la lutte contre la COVID. Bien que les manœuvres pour effectuer les tests de dépistage soient assez simples, M. Dyotte évoque une certaine adaptation à ces tâches temporaires. «C’est énorme de gérer cette adrénaline que l’on n’a plus! Comme ambulancier, on peut devoir donner notre 150% d’un coup, puis ensuite être de 30 à 40%. On se rend au domicile des gens, pour des cas aussi variés que la gériatrie, la santé mentale, la pédiatrie, relate-t-il. Pour le dépistage, notre travail est plutôt très constant; on pose les mêmes questions et notre intervention – au niveau du nez – est très rétrécie!» Il précise aussi qu’une partie du travail réside à dissiper les craintes des personnes qui se présentent pour subir un test. Les paramédics ont suivi une formation en ligne, avant d’être intégrés, d’abord sous supervision, à une clinique. Concernant les mesures d’hygiène et de désinfection, ils étaient déjà bien outillés, par leur métier d’ambulancier. «Au fil des ans, on a suivi plusieurs formations, pour le SRAS et l’Ebola, entre autres, et plus récemment pour la COVID. Quand ils ont vu qu’on était plus qu’à jour, ils ont interrompu la formation», relate M. Dyotte. Chaque deux semaines, la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie sonde l’intérêt de ses volontaires, qui peuvent poursuivre le dépistage ou retourner sur la route. Si M. Dyotte songe à revêtir bientôt ses habits d’ambulancier, M. Jeanneau sent encore l’appel. «On va aider du mieux qu’on peut, là où on peut être utile.» Depuis le 13 octobre, six paramédics soutiennent également la santé publique de la Montérégie en participant aux enquêtes épidémiologiques.

Retour sur la première vague

De la première vague, Bruce Dyotte garde en tête l’extrême solitude qui a frappé plusieurs personnes plus vulnérables. «Ce qui m’a le plus touché est la tristesse des gens. Une tristesse, et une solitude. Les gens voulaient nous parler, que l’on soit leurs amis. On donnait ces 10-15 minutes supplémentaires pour discuter. On était parfois les seuls autres humains avec qui ils communiquaient», témoigne-t-il. M. Dyotte a été de l’équipe de paramédics qui, pendant un certain temps, n’intervenaient qu’auprès de cas de COVID. «Chaque fois, c’était clair que j’allais sur un appel pour une personne atteinte de la COVID. Chaque fois, je revêtais donc tout l’accoutrement», détaille-t-il, comme pour expliquer qu’il préférait cette certitude à l’inconnu. Pour sa part, Simon Jeanneau témoigne entre autres de tout le stress entourant le fait de côtoyer des patients atteints de la COVID. «C’est sûr qu’au début, on avait peur d’amener la "méchante bibitte" chez nous. Et on remarquait ces craintes dans plusieurs corps de métier, sans compter les gens qui hésitaient à aller à l’hôpital.» Il ne manque pas de «lever son chapeau» à la CÉTAM, pour sa gestion logistique durant la crise au printemps, donnant en exemple les équipements de protection individuelle qui n’ont jamais manqué. S’il avoue comprendre la fatigue et la frustration de ceux tentés de baisser la garde en cette deuxième vague, Simon Jeanneau rappelle que la COVID n’affecte pas que les aînés. «Des jeunes intubés, on en a vus, on sait que ça existe.» Bruce Dyotte avoue moins craindre la deuxième vague. «Ce qui fait peur, c’est l’inconnu. On ne savait pas la combattre. C’est à peine si on ne brûlait pas tout ce qui avait été touché! Là, on en sait un peu plus sur le virus, sur les façons de le garder à distance.»