Opinion

Pas un clown

le mercredi 29 avril 2015
Modifié à 0 h 00 min le 29 avril 2015
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Combien de métier avez-vous rêvé d'exercer?

Je me souviens, enfant, d'avoir longtemps voulu devenir un clown. De faire des pitreries pour récolter des éclats de rire. Je me voyais enfiler des souliers colorés trop grands. Pour m'enfarger dans le premier seau venu. Lancer des tartes à la crème. Marcher sur un râteau jusqu'à ce qu’il me défigure.

Je rêvais de m'enrôler dans un cirque. Pour aller aux quatre coins de la province. Et peut-être même dans le Nord des États-Unis. Je voyais gros...

J'adorais fréquenter la fête foraine qui passait chaque année dans la région. Pour son univers parallèle.

Pour vous, c'est peut-être une révélation. Mes proches cependant vous diront que cela ne les surprend pas. À la moindre occasion, j'aime faire rire. Lancer une blague. Dire une niaiserie. Depuis toujours. Même au travail, j'aime m'amuser quand le contexte s'y prête.

Pendant l'adolescence, j’ai aspiré à devenir comédienne. À vouloir me glisser dans la peau des autres. Pour les interpréter. Les faire vivre. Si bien que j'ai entrepris des études en théâtre et en communication.

Puis, le sérieux a pris le dessus. J'imaginais mal jouer un rôle toute ma vie. Sans être moi-même.

J'ai poursuivi ma carrière en communication avec l'espoir de m'exprimer. Et opté pour le journalisme écrit avec l'intention de raconter. De rapporter.

Il y a quelques jours, j'ai eu un accrochage avec une personne auprès de qui je voulais recueillir les commentaires. La conversation était des plus polies, mais l'homme n'arrêterait pas de vilipender les médias. Comme quoi nous ne faisons que propager les mauvaises nouvelles. Que nous n’étions d’aucune utilité. Bla. Bla. Bla.

D'habitude, je laisse passer la tempête. C'est toujours ce qu'il y a de mieux à faire quand quelqu'un jette ainsi son fiel. Parce qu'il n'y a pas de place à la discussion avec quelqu'un qui généralise de cette manière. Mais ce jour-là, j’en ai été incapable.

Je lui ai répondu que je ne jugeais pas les nouvelles, qu'elles quelles soient.

Quand il m'a demandé si je n'avais pas mieux à faire, comme rendre les gens heureux et semer le bien autour de moi, la réplique est sortie toute seule...

«Si j'avais voulu semer le bonheur monsieur, je serais devenue clown», ai-je répliqué sur un ton poli et neutre.

Je suis en effet à des années-lumière d'un de mes rêves de jeunesse. Sans être malheureuse pour autant. L'inverse aurait-il été vrai?

 

 

«Je ferai le clown de mon mieux. Et peut-être ainsi je parviendrai à faire l’homme, au nom de tous.»

-Michel Quint