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Pont Samuel-De Champlain : une 4e coroner recommande de meilleures barrières anti-suicides

Il y a 10 heures
Modifié à 13 h 02 min le 06 juin 2025
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

L’actuelle barrière est trop facile d’accès selon plusieurs coroners. (Photo : Le Courrier - archives)

Pour la quatrième fois en deux ans, une coroner recommande à Groupe Signature sur le Saint-Laurent et à Infrastructure Canada de trouver «rapidement des solutions concrètes» pour rendre «très difficiles, voire impossibles» les précipitations dans le vide à partir du pont Samuel-De Champlain afin d’éviter d’autres suicides.

La coroner Lyne Lamarre a enquêté sur le décès d’une jeune femme de 17 ans de Brossard qui est morte par suicide le 21 août 2024 en sautant du pont Samuel-De Champlain. Dans son rapport, la coroner explique qu’elle a eu accès à des enregistrements vidéos de la scène et elle constate qu’il n’aura fallu qu’une «dizaine de secondes» pour que la jeune fille franchisse la clôture qui longe la piste multifonctionnelle du pont. «De toute évidence, cette clôture – qui est beaucoup trop facile à escalader et à franchir – n’est pas assez dissuasive», écrit-elle.

Mme Lamarre mentionne également qu’aucun changement à la structure n’avait été fait au moment de l’événement du 21 août, malgré des recommandations d’autres coroners formulées en mars 2023, en novembre 2023 et novembre 2024.

9 décès

En date du 17 février 2025, le Bureau du coroner rapporte au moins neuf décès «par précipitation dans le vide» depuis 2019, année de l’inauguration du nouveau pont Samuel-De Champlain.

La coroner Lamarre recommande à Groupe Signature sur le Saint-Laurent SENC et à Infrastructure Canada d’effectuer une expertise indépendante «sans délai» pour trouver des solutions concrètes comme l’installation de structures en forme de J inversée semblables à celles au pont Jacques-Cartier et l’ajout de filet de sécurité anti-suicide comme celui mis en place au pont Golden Gate à San Francisco.

Les barrières en forme de J au pont Jacques-Cartier. ( Photo : Le Courrier du sud- archives)

Elle demande également d’étudier la faisabilité «d'installer un filet anti-suicide ou un grillage anti-suicide sous le milieu du pont Samuel-De Champlain (pour empêcher les précipitations dans le vide vers le milieu du pont où circule le REM)».

Marge de manœuvre «inexistante»

La coroner a eu différents échanges avec le Groupe Signature sur le Saint-Laurent dans le cadre de son investigation. Elle mentionne qu’on lui a répondu que « la marge de manœuvre pour rehausser les barrières sur le pont Samuel-De Champlain est pratiquement inexistante».

Le Groupe précise que l’installation de filets de sécurité anti-suicide serait selon lui impossible «en raison de restrictions d’entretien et structurale». Les employés doivent accéder plusieurs fois par année à l’espace libre entre les tabliers et le corridor central.

«L'enlèvement et la réinstallation des filets pour chacune de ces nombreuses opérations va nécessiter beaucoup plus de ressource que la tâche elle-même. Cette option n'est pas envisageable à notre avis. Du point de vue structural, ces filets seront susceptibles d'accumuler de la neige en hiver, générant une charge pour laquelle le pont n'a pas été conçu», peut-on lire dans le rapport.

«Malheureusement, il aurait fallu penser aux précipitations dans le vide et aux mécanismes de protection anti-suicide avant la construction du pont Samuel-De Champlain, écrit la coroner. L'heure est venue de se mobiliser pour agir rapidement et se mettre en mode solutions, puisque chaque vie humaine est unique et précieuse!»

En cas de besoin, contacter la ligne téléphonique provinciale de prévention du suicide 1 866 APPELLE (277-3553).