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Prévenir l’étalement urbain aux abords de la station terminale du REM

le mercredi 24 mars 2021
Modifié à 15 h 50 min le 24 mars 2021
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

«Les terres agricoles du Québec ne représentent que 2% du territoire alors, il faut les protéger, martèle la présidente du conseil des fiduciaires de la fiducie agricole du REM Julie Bissonnette. Une fois que les bâtiments sont bâtis, on ne peut pas revenir en arrière.» En créant officiellement une fiducie d’utilité sociale agricole (FUSA) en avril 2019, CDPQ Infra, l’Union des producteurs agricoles (UPA), la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et la Ville de Brossard ont choisi d’agir pour limiter l’étalement urbain et valoriser le territoire agricole en périphérie du Réseau express métropolitain (REM) sur la Rive-Sud. Les fiducies d’utilité sociale sont des entités indépendantes mandataires d’un patrimoine à perpétuité. Forte d’un investissement de 3 M$, la fiducie agricole du REM favorisera l’implantation de nouvelles entreprises agricoles et l’établissement de la relève en bordure de la future station terminale Rive-Sud à Brossard, pour la construction de laquelle environ 30 hectares de terres agricoles ont dû être sacrifiés. Pour ce faire, la fiducie fera l’acquisition de terres en périphérie de la station pour ensuite les louer à long terme à des agriculteurs. Spéculation immobilière Julie Bissonnette rappelle que le prix et l’accès aux terres est en train de devenir un enjeu majeur pour la relève agricole et l’avenir de l’agriculture au Québec.
«Ces terres-là, c’est notre garde-manger québécois et ça me fait mal au cœur à chaque fois qu’une terre disparaît.»

– Julie Bissonnette, présidente du conseil des fiduciaires

Ainsi, alors que la forte spéculation immobilière est d’actualité partout en province, particulièrement le long du tracé du REM, les propriétaires des terres en périphérie de la station Rive-Sud, qui sont majoritairement des promoteurs immobiliers, doivent cesser d’espérer un éventuel dézonage, soutient la présidente des fiduciaires. «Le message à passer est que c’est zoné agricole et que ça ne changera pas!» Densifier intelligemment Limiter l’étalement urbain fait partie de la vision de la CDPQ Infra depuis les tous débuts du projet du REM, fait savoir Jean-Vincent Lacroix, directeur des communications de CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec en charge du REM. «Le REM vise la densification intelligente, dans des zones identifiées par le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) et non l’étalement urbain, affirme-t-il. On peut garantir que là-dessus, on a une vision très ferme et qu’on n’est pas les seuls porteurs de cette idée-là. Il faut densifier les zones déjà urbanisées.» Le développement d’un parc agricole métropolitain pourrait éventuellement être réalisé autour de la station terminale Rive-Sud. En plus de devenir un «hub» pour le transport, la station pourrait donc aussi en devenir un pour découvrir l’agriculture. «Tant mieux si ça permet de connecter le centre de Montréal et des pôles denses à un coin qui respire», se réjouit M. Lacroix. La fiducie consolidera également les actions entreprises depuis 2011 par la Ville de Brossard visant la protection et la mise en valeur des milieux naturels du Bois de Brossard, notamment par l’acquisition de terrains à des fins de conservation, l’adoption du Plan directeur de gestion des milieux naturels et plus récemment le dépôt d’une demande de réserve naturelle.  

Une priorité dès le début

Jean-Vincent Lacroix rappelle que la fiducie agricole était dans les cartons dès les premières phases de planification du réseau en 2016. En effet, même s’ils étaient d’accord avec le tracé préliminaire du REM, de nombreux partenaires se disaient inquiets que la station terminale soit construite en zone agricole. «C’était donc très important pour nous de trouver une solution, souligne M. Lacroix. On avait besoin d’espace pour la station terminale mais on voulait aussi rassurer les gens qu’il n’y avait pas d’intention de développer autour.» En plus de protéger la vocation des terres agricoles environnantes, le projet permettait aussi d’assurer un accès plus facile et efficace à la station terminale en limitant les constructions en périphérie.