Actualités
Choix de la rédaction

Projet de 200 appartements à Saint-Constant : le parc de maisons mobiles disparaîtra

le mercredi 13 mars 2024
Modifié à 10 h 53 min le 13 mars 2024
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Des résidents de la rue du Parc-des-Maisons-Mobiles, à Saint-Constant, sont tristes à l’idée de devoir quitter leur domicile en raison de la récente vente du terrain au promoteur immobilier Demonfort. Ce dernier projette d’y implanter un projet de 200 logements.

Plusieurs citoyens y vivent depuis plus de 10 ans. Tous sont propriétaires de leur maison mobile, mais locataires du terrain. Inquiets de perdre «la communauté» qu’ils avaient créée dans le parc, certains ont contacté Le Reflet pour déplorer la situation.

«On voulait prendre notre retraite ici, se désole une citoyenne de 62 ans qui a demandé à garder l’anonymat. On se connait tous entre nous autres. Ce n’est pas plaisant. On va être déracinés.»

Un résident de 71 ans se dit quant à lui «très stressé» de devoir quitter sa maison qu’il possède depuis 11 ans, d’autant plus qu’il reste 25 000$ à payer sur son hypothèque.

«On n’est pas capable de penser à autre chose», confie-t-il.

Jean-Claude Paquette est dans une situation particulière, puisqu’il y habite seulement depuis juillet 2023. Il remarque que personne ne semble être conscient des risques reliés à une location sur un terrain privé. Son choix aurait été différent s’il avait su ce qui l’attendait.

«C’est sûr que c’est insécurisant, plaide-t-il. Si tu vas perdre tout ce que tu as investi, c’est de l’angoisse. Tous les intervenants avec qui j’ai parlé avant de m’installer m’ont dit que je ne m'exposais à aucun risque.»

Il estime que le minimum serait de couvrir tous les frais engendrés par le déménagement et peut-être recevoir un dédommagement supplémentaire. M. Paquette considérerait signer si ces conditions étaient remplies, en autant qu’il puisse consulter les documents avant.

«Je ne suis pas gourmand, mais j’aimerais juste un minimum de justice», soutient-il.

Le Constantin de 45 ans révèle que la Caisse Desjardins des Moissons-et-de-Roussillon est au courant du dossier étant donné que plusieurs propriétaires ont des hypothèques à payer.

Des résidents prévoient faire entendre leur voix à la prochaine séance du conseil municipal de Saint-Constant, le 19 mars. Selon M. Paquette, certains résidents auraient consulté des avocats pour explorer les options juridiques.

La rue du Parc-des-Maisons-Mobiles comprend plus d’une vingtaine de résidences. (Photo : Le Reflet – Denis Germain)

Mains liées

La Ville a confirmé au Reflet que des citoyens l’ont contactée et qu’elle a eu des discussions avec les propriétaires «qui en sont à planifier le projet tout en aidant leurs locataires actuels à se relocaliser ailleurs dans la région».

«Des propriétaires de maisons mobiles nous ont téléphoné durant les dernières semaines afin de savoir si la Ville pouvait leur venir en aide, rapporte Laurie Mondou, conseillère en communications à Saint-Constant. Malheureusement, la Ville ne peut prendre parti dans cette situation qui relève du Tribunal administratif du logement. Ce dernier peut appliquer son cadre réglementaire entre propriétaires et locataires.»

Mme Mondou ajoute que la Ville se doit de zoner et de planifier afin «d’optimiser la densification et la diversification d’activités au sein de ses aires TOD» à l’instar des autres villes de la Communauté métropolitaine de Montréal.

Accompagnement

En entrevue au Reflet, le nouveau propriétaire du terrain David Lafrance a assuré que son objectif était de relocaliser les familles. Il propose de s’occuper du déménagement des maisons mobiles, ainsi que d’enlever les installations de plomberie et d’électricité rattachées à la maison, puis d’accompagner les propriétaires pour trouver un nouveau terrain.

«On veut les accompagner et les aider, plaide-t-il. Je leur offre de prendre leur maison et de la déménager où qu’ils veulent au Québec.»

Le promoteur immobilier dit offrir l’opportunité aux propriétaires des maisons mobiles de se loger dans l’un des futurs appartements locatifs avec une entente spéciale : six mois gratuits pour les 70 ans et plus ou trois mois gratuits pour les moins de 70 ans, avec les frais de déménagement payés. Cependant, il préfèrerait que les locataires ne perdent pas la valeur de leur maison et protègent leur investissement.

«Idéalement, on voudrait que les locataires partent avec leur maison, qu’il n’y ait pas de frais reliés à cela et qu’ils continuent à vivre dans leur maison mobile», poursuit M. Lafrance.

Le promoteur immobilier n’a pas encore présenté ses plans à la Ville, mais espère le faire en juin et possiblement commencer les travaux en octobre.