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Reprendre confiance en soi grâce à l’alphabétisation

le lundi 09 avril 2018
Modifié à 8 h 57 min le 09 avril 2018
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

Pour la Semaine de l’alphabétisation populaire, la directrice générale de la Clé des mots à Saint-Constant, Céline Brière, tenait à partager les succès de trois bénéficiaires qui, malgré un parcours scolaire difficile, sont désormais sur le marché du travail. «À 13 ans, les profs me disaient que je n’arriverais jamais à rien dans la vie», affirme Marie-Ève Archambault-Labelle, qui a reçu un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA), additionné d’un léger retard mental, à 27 ans. Se disant persécutée au primaire, puis au secondaire, la jeune femme a finalement abandonné l’école. Celle qui affirme être partie de loin, surtout en mathématiques, a finalement complété une attestation d’équivalence de niveau secondaire V. En plus de parfaire ses compétences académiques à la Clé des mots, Mme Archambault-Labelle a suivi des cours d’estime de soi à la Maison du goéland à Saint-Constant. «C’est souvent le bagage personnel qui bloque l’apprentissage, note Céline Brière. Il faut trouver la source de ce mal-être si on veut que ça débloque. Ici, on aide les gens sur le plan académique, mais aussi sur le plan social.» Considérée inapte, Marie-Ève Archambault-Labelle travaille maintenant dans une animalerie de la rue Saint-Pierre et s’y plaît bien.
«Je dis toujours que c’est le système qui a décroché de moi et pas le contraire.» -Marie-Ève Archambault-Labelle
Gagner en confiance En 2001, Marc Simard a occupé un premier emploi. Après l’avoir perdu, il a été dix ans sans travailler parce qu’il n’arrivait pas à se faire embaucher. «En 2013, j’ai été diagnostiqué asperger et ça m’a aidé a comprendre bien des choses, dit l’homme de 45 ans. Avant, je faisais beaucoup d’anxiété sociale et générale et j’avais de la difficulté à aborder les gens.» Idem pour Sabrina Lagacé, 21 ans, qui était très gênée et qui a fait un gros travail sur elle. Celle qui a décroché un poste de commis à la pharmacie Pharmaprix à Delson dit que les acquis qu’elle a gagnés à l’organisme d’alphabétisation lui facilitent la vie. «Je peux maintenant compter de l’argent, affirme-t-elle. Avant, l’addition ne se faisait pas dans ma tête, alors c’était dur de gérer de l’argent et d’être autonome. De m’être améliorée en lecture m’aide aussi à mieux lire les étiquettes des produits à la pharmacie.» Enfant d’un père francophone et d’une mère anglophone, M. Simard indique que la famille parlait uniquement l’anglais à la maison. «Les ateliers de la Clé des mots m’ont aidé avec mon français, explique-t-il. J’ai aussi fait des cours d’improvisation et j’ai obtenu l’aide d’une thérapeute. Je suis moins gêné qu’avant d’aller vers les autres.» Caissier dans une épicerie à Hemmingford, M. Simard travaille aussi à temps partiel à la bouquinerie de la Clé des mots. Avec l’aide d’Emploi-Québec Les trois personnes citées dans cet article sont arrivées à la Clé des mots via le programme d’aide et d’accompagnement social (PAAS-Action) d’Emploi-Québec. «PAAS-Action s’adresse à des personnes prestataires de l’aide sociale ou de la solidarité sociale qui, malgré leur motivation à être actives, ont des difficultés qui freinent leur cheminement et les empêchent de participer à des mesures d’aide à l’emploi», indique-t-on sur le site. La troisième Semaine de l’alphabétisation populaire, une initiative du Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec, avait lieu du 2 au 6 avril.