Actualités

S’acquitter de ses frais d’avocats mensuellement

le mercredi 03 octobre 2018
Modifié à 7 h 55 min le 03 octobre 2018
Par Jonathan Tremblay

jtremblay@gravitemedia.com

Finie l’époque où il était impossible de payer son avocat autrement qu’en déboursant une grosse somme d’argent d’un coup, rendant les recours juridiques inaccessibles pour plusieurs. Trivium Avocats change désormais la donne en offrant une nouvelle méthode de financement. «On peut garantir que ça ne coûtera pas plus cher qu’un certain montant, et le client dispose de 48 mois pour finaliser le paiement», présente d’emblée Me Marc-Antoine Cloutier, associé chez Trivium Avocats. Si ce montant est dépassé en temps, le cabinet l’assumera. «Chez Trivium, on ne considère pas que le temps non facturé est une perte. En théorie, ça fait le contraire. Au volume, on est capable d’avoir un meilleur rendement et de sécuriser notre clientèle», assure-t-il. La «facturation pure», à l’heure, est selon lui «dépassée».  
«L’accès à la justice est une préoccupation nouvelle. C’est une question de temps avant que tout le monde nous suive. On est rendu là!» – Marc-Antoine Cloutier
  Me Cloutier assure que le cabinet offre toujours la même compétence de service en droit commercial, civil, municipal et corporatif – le «cœur de son travail». Toutefois, les forfaits préétablis pour régler un divorce, par exemple, réduisent les factures globales, ainsi que les honoraires. «En théorie, c’est censé aider et diminuer le nombre de personnes qui vont se représenter seuls», affirme l’avocat de 29 ans. La particularité de Trivium Avocats de permettre de financer sa facture est rendue possible grâce à son partenariat avec le programme AccordD de Desjardins. Les mensualités peuvent s’échelonner sur une période pouvant aller jusqu’à 48 mois à partir de la date de facturation. «Ce qui permet de payer sur plusieurs années», souligne Me Cloutier.   Vision différente Lorsqu’il a pensé à ce concept, l’avocat de 29 ans ne comprenait pas pourquoi ce type de mesure n’existait pas déjà. Ce dernier souhaite aujourd’hui que cette méthode «révolutionne l’accès à la justice aux gens capables d’emprunter». «Il n’y a pas beaucoup de ménages québécois qui sont prêts à défrayer 10 000$ en un mois pour des frais d’avocat», poursuit-il. Mais selon lui, la majorité de la classe moyenne − son public cible − possède les moyens d’ajouter un paiement dans son budget, même si faire appel à un avocat n’est pas une dépense planifiée d’avance.   Vide à combler Si certains ont recours à la clinique juridique Juripop ou à l’aide juridique en raison de leur précarité financière, «un vide important se crée par l’honoraire invisible de l’avocat» auprès de la classe moyenne, croit Me Marc-Antoine Cloutier. «Quand on appelle, on ne sait pas combien ça va nous coûter, et on ne sait pas comment le dossier va évoluer et jusqu’où on va se rendre», explique-t-il. Le problème que cela pose habituellement est que le client reçoit des factures importantes en début de dossier et se retrouve immédiatement avec un manque de liquidité. «On entend souvent des histoires de mauvaises surprises, de procès qui se sont enlisés. De notre côté, on veut que les procès se passent rapidement, rondement, confie Me Cloutier. Il y a beaucoup de gens qui entament des procédures mais qui ne se rendent pas au bout pour des raisons monétaires.» Cette innovation est pour lui une situation gagnant-gagnant, car le financement est aussi un gage de paiements obligatoires par le client, ce qui évite les mauvaises créances et permet au cabinet de faire ses planifications budgétaires.   Nouveau départ Marc-Antoine Cloutier était associé chez Deveau Avocats, à Brossard, depuis son stage de fin d’études, il y a quatre ans. Il en était même devenu propriétaire. «Avec mes associés, on discutait de certains éléments de vision pour l’avenir. On en est venu à la conclusion qu’il était mieux de continuer à travailler ensemble, mais en deux entités distinctes.» C’est ainsi que Trivium Avocats a vu le jour, il y a environ un mois. Tous les employés et avocats qui se trouvaient avec Deveau Avocats sont demeurés dans l’équipe, pour un total de 16 individus. Ce nouveau cabinet d’avocats, qui peut se targuer d’assumer sa part de responsabilité sociale, ne serait que le début d’un grand changement, selon son fondateur.   Fondateur de Juripop À 19 ans, Marc-Antoine Cloutier a fondé un organisme à but non lucratif qui fait des campagnes de financement pour offrir des services juridiques gratuits ou à prix modique aux gens qui n’ont pas accès à l’aide juridique mais qui ne sont pas capables d’aller vers la pratique privée professionnelle: la Clinique juridique Juripop, dont il est toujours le président du conseil d’administration.