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Saison des sucres à Kahnawake : une tradition ancestrale

le jeudi 07 avril 2022
Modifié à 9 h 53 min le 07 avril 2022
Par Paula Dayan-Perez

pdayan-perez@gravitemedia.com

Mitchell Horne partage la tradition d’acériculture transmise par son grand-père à sa fille Kaleia. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)

Si le temps de sucres est ancré dans la culture québécoise, il l’est également dans la communauté mohawk où les traditions liées à l’érable remontent à son histoire ancestrale. Pour des habitants de Kahnawake comme M. Horne, le printemps est l’occasion de renouer avec la nature et les aïeux.

Mitchell Horne a commencé à produire du sirop d’érable dans la cour arrière familiale en 2016. C’est son grand-père qui lui a fait découvrir cette passion quand il était petit.

«C’étaient mes premiers souvenirs, relate-t-il. Cette période de l'année, ça me fait toujours penser à lui et ça me fait penser à ces moments-là. En fait, il est enterré dans ce boisé. Donc, quand je vérifie les fuites, il est là avec moi, au sens propre comme au figuré.»

Aujourd’hui, M. Horne travaille avec près de 700 entailles à son érablière Sweet Beaver's Maple Syrup. La croissance de son «hobby», comme il l’appelle, ne cesse de le surprendre. «Chaque objectif que je me fixais, je le dépassais toujours un peu», dit-il.

Sa fille de 10 ans, Kaleia, partage son intérêt pour l’acériculture. Elle a demandé à son père de rester à la maison un vendredi après-midi pour l’aider avec la production. Elle est particulièrement douée pour réparer les fuites dans les tubulures causées par les écureuils.

Kaleia est particulièrement douée pour réparer les fuites dans les tubulures causées par les écureuils. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)

Selon M. Horne, son succès grandissant vient de l'aide d'une communauté acéricole solidaire autant à Kahnawake qu'à l'extérieur de la réserve. Lorsqu’il amassait un peu d’argent pour acheter de l’équipement, il y avait toujours quelqu’un qui lui proposait la même machine usagée, à prix réduit. À son tour, quand il est prêt à changer ses outils, il les passe aux jeunes qui commencent dans le domaine.

 

Le transfert de connaissances

Tourisme Kahnawake, qui fait la promotion des commerces locaux, veut encourager la production de sirop d’érable dans la communauté autochtone pour «créer plus d'attractions culturelles et touristiques pour l'avenir». C'est dans cet objectif que l'organisme organise le Festival annuel de gastronomie de l’érable, qui en est à sa septième édition cette année. Le but est de relier l’événement au cycle de cérémonies traditionnelles, explique la coordonnatrice de l’événement, Jordan Diabo.

«Comme nos visiteurs ne peuvent pas assister aux cérémonies que nous organisons dans notre maison longue pour le peuple Onkwahonwe, nous avons décidé que ce serait une façon ouverte et amusante d’offrir un aperçu de notre culture», mentionne-t-elle.

Dans le cadre du festival, des restaurateurs de Kahnawake ont préparé un menu spécial avec des plats à saveur d’érable.

De plus, l’organisme désire mettre en valeur l'importance du sirop d'érable dans la culture mohawk, un remède que «peu de gens connaissent», ajoute Mme Diabo. 

Mitchell Horne, son épouse Jada et sa fille Kaleia participent tous les trois à l’élaboration du sirop d’érable. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)

Pour sa part, M. Horne aimerait également se pencher sur l’histoire du sirop d’érable. Il songe à inaugurer une cabane à sucre où il pourrait partager ses connaissances avec les écoliers et autres visiteurs. Il rappelle que c’est le peuple autochtone qui a appris aux colonisateurs européens l’existence de l’eau d’érable.

«En langue mohawk, le mot pour hiver est la ‘grande famine’. Donc, vous pouvez imaginer à quel point janvier et février étaient difficiles. Et puis tout d'un coup, le temps s’adoucit et il y a du sucre qui sort des arbres», raconte-t-il. Le temps de sucres était donc un moment de reconnaissance pour avoir traversé la période la plus dure de l’année.

Selon M. Horne, tout le monde devrait «mettre les mains dans la terre, aller dans le bois et faire un effort pour se rappeler les raisons d’être reconnaissant pour ce qui nous est donné».

«Si on fait ça, on a des chances de mieux en prendre soin», conclut-il.

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