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Site Consignaction à Delson : « On est dans une impasse »

Il y a 1 heure
Modifié à 15 h 31 min le 12 septembre 2025
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

L’Association dit avoir eu du fil à retordre avec plusieurs villes du Roussillon.  (Photo : Le Reflet – Denis Germain)

Un lieu de retour Consignaction pourrait actuellement être en opération à Delson. L’Association québécoise de récupération des contenants de boisson (AQRCB) déplore qu’après qu’on lui aurait autorisé une clause d’usage, la Municipalité ait refusé de lui accorder le certificat d’occupation. 

«La Ville a décidé de changer la clause d’usage, même si elle avait autorisé les travaux de notre bailleur pour préparer le local pour Consignaction», avance Jean-François Lefort, vice-président Stratégie à l’AQRCB, l’organisme désigné pour gérer le système de consigne. 

Ce local, c’est l’un des espaces du Quartier Delson, complexe commercial où l’on retrouve notamment le Pasquier, sur le boul. Georges-Gagné.

«J’ai connu bien des cas complexes, mais ça, je n’ai jamais vu ça. Pour le moment, on est dans une impasse.» 
-Jean-François Lefort, vice-président Stratégie à l’AQRCB

Les démarches auprès de la Ville durent depuis des mois. 

Le local visé (Photo : Le Reflet - Ali Dostie)

Un bail pour ce local commercial a été signé en février, et la prise de possession s’est effectuée en mai. «On ne signe jamais de bail sans l’accord de la Municipalité, à l’effet que la clause d’usage sera acceptée, explique M. Lefort. On pourrait avoir un lieu opérationnel aujourd’hui, mais on ne l’a pas, parce que la Ville nous l’a refusé après avoir dit «oui, allez-y».»

Devant ce qu’il décrit comme une «absence de collaboration» de la Ville, M. Lefort dit que l’Association devra sans doute faire une croix sur Delson et se tourner vers une autre ville pour y aménager un lieu de retour.  

Avant de tenir ces propos au Reflet, il s’était entretenu avec le maire Christian Ouellette, dans l’espoir de le convaincre de changer d’avis.

À lire aussi : Un lieu de retour qui ferait un heureux

« Très favorable  », mais ailleurs

La Ville de Delson nie être réfractaire à l’idée d’un lieu de retour dans sa ville. Elle accueille plutôt «très favorablement» cette idée. «Un tel projet reflète parfaitement le positionnement stratégique de Delson comme pôle commercial et lieu de convergence dans la région», assure le directeur général Jean-François Messier au Reflet.

C’est le local en question qui semble poser problème. M. Messier dit agir dans un esprit de collaboration avec l’organisme «afin d’identifier un emplacement qui réponde à la fois à leurs besoins opérationnels, mais aussi aux préoccupations liées au voisinage et à la qualité de vie des résidents». 

Le directeur général relate qu’un autre site Consignaction a été visité «afin de bien comprendre la réalité de ce type d’installation et de s’assurer de sa bonne intégration au milieu». 

Par ailleurs, il nie l’affirmation de l’AQRCB selon laquelle la clause d’usage aurait été acceptée en amont. «À notre connaissance, cela n'a pas fait l'objet des échanges avec l'organisme», mentionne-t-il.

Quant aux travaux autorisés dans le local visé, il explique qu’«un permis pour rénovation ne vise pas l'occupation projetée d'un local. L'occupation est encadrée par un autre type de certificat, soit le certificat d'occupation.»

Et pour expliquer le refus d’accorder ce certificat d’occupation, il répond qu’une modification réglementaire est d’abord nécessaire.

Emplacement « idéal »

Selon Jean-François Lefort, l’emplacement choisi demeure idéal, en pleine zone commerciale. «C’est vraiment dommage, car on est en plein pôle commercial. C’est pratique, mais la Ville trouve que ce n’est pas là que ça devrait se faire.»

«Ils sont allés au Consignation de La Prairie, ont parlé au voisin qui a dit que c’était bruyant, poursuit-il. Mais nous allons insonoriser, mettre des mesures pour réduire le bruit.»

Le bruit provient surtout du broyage du verre. M. Lefort fait valoir qu’un lieu de retour est opérationnel uniquement le jour, pas avant 8h le matin. 

Il rapporte de plus que Delson appuie sa décision sur un avis légal. «On a demandé cet avis-là, et on a refusé de nous le partager, expose M. Lefort. On est en train de voir si on passe par l’accès à l’information.»

Au journal, le directeur général Jean-François Messier indique simplement que l’avis juridique «confirme la nécessité de modifier la réglementation municipale afin de permettre l’usage demandé». Elle refuse de partager cette opinion légale, de nature confidentielle.

Malgré les embûches décrites par l’AQRCB, M. Messier affirme souhaiter «que le projet puisse se concrétiser dans les meilleurs délais et conditions».

«Des démarches sont en cours avec différents propriétaires d’espaces locatifs disposés à accueillir un projet de cette nature», confirme-t-il. 

Ça « bloque » dans le Roussillon

Actuellement, seul le lieu de retour Consignaction situé sur le boul. Taschereau à La Prairie dessert ce secteur de la MRC de Roussillon. Il s’ajoute aux détaillants dotés d’équipements permettant le retour des contenants.

Le Reflet fait remarquer à M. Lefort qu’une ville comme Varennes, avec ses 21 619 habitants, détient depuis peu deux lieux de retour, alors que le Roussillon en compte très peu. 

«Les plans sont d’ouvrir des Consignaction et Consignaction+ sur la Rive-Sud et dans la MRC de Roussillon», assure M. Lefort.

Il avoue avoir dû «se battre» avec plusieurs municipalités du Roussillon concernant les clauses d’usage. «Ça n’a pas été évident. On a réussi à vraiment passer à travers avec une municipalité, mais on serait définitivement en mesure d’en avoir plus, si les villes étaient plus accueillantes.»

Le déploiement de lieux de retour un peu partout au Québec nécessite la collaboration des municipalités, «car ce que nous faisons n’a jamais été fait comme activité principale», explique-t-il. 

Des villes doivent parfois modifier leur règlementation afin de permettre un tel usage. Ainsi, où il y a des lieux de retour, c’est là où les villes leur ont ouvert les portes, laisse entendre M. Lefort.

Défis

L’AQRCB doit avoir mis sur pied 400 lieux de retour au Québec, d’ici 1er mars 2027, soit la date de la troisième phase de la modernisation de la consigne, qui intégrera le verre (bouteilles de vin et spiritueux) et le carton multicouches.
Au défi d’obtenir l’accord des municipalités s’ajoute la pénurie de main-d’œuvre – ce déploiement représente à terme plus de 3000 emplois – et la pénurie de locaux.

«Oui, certains locaux sont disponibles, mais pour un Consignaction +, il faut 8000 à 10 000 pieds carrés, un quai de chargement, un stationnement et ça doit avoir pignon sur rue», illustre M. Lefort.

Un lieu de retour Consignation exige 2000 à 2500 pieds carrés, une porte double donnant accès à l’extérieur et doit aussi avoir pignon sur rue. 

 


De l’essence dans l’engrenage

Le lieu de retour de La Prairie (Photo : Le Reflet - Denis Germain)

En mai, des citoyens ont rapporté notamment sur le groupe Facebook «Coop La Prairie Candiac» que le lieu de retour de La Prairie a été fermé. 

«Simplement vous mentionner que c’est la 2ieme fois que je vais déposer nos canettes et bouteilles à Consignaction à La Prairie et que le centre est fermé. Ceci malgré que nous sommes à l’intérieur des heures d’ouverture inscrites sur la porte, et l’application mobile indique que c’est ouvert», écrit entre autres un citoyen.

Certains critiquent aussi que des équipements étaient défectueux.

L’Association précise malgré tout qu’un lieu de retour «ne peut être fermé», puisque le retour express demeure accessible. 

Des travaux de réparation ont toutefois dû être effectués en raison de présence de contaminants, dont de l’essence, dans les contenants consignés. «Les machines ne sont pas conçues pour ça, et ça nécessite de réparer. Il faut une intervention assez importante, quitte à changer des morceaux, des sensors potentiellement endommagés. Selon le contaminant, il peut y avoir plusieurs pièces.»

 

310 millions de contenants consignés

Depuis avril 2024, plus de 310 millions de contenants ont été consignés à l’échelle de la province. Depuis l’élargissement de la consigne au plastique le 1er mars de cette année, on recense plus de 260 millions de contenants consignés. Il n’est pas possible de connaître les données par région ou sites de retour.

Capacité de traitement des lieux de retour
-Consignaction+ : 25 millions de contenant par an
-Consignaction : 7 millions 
-Détaillant : 1,5 million

Démêler Consignaction +, Consignaction et kiosques

(Photo : Le Reflet - Denis Germain)

La consigne s’applique aux contenants de boisson de 100 ml à 2 l en aluminium et en plastique, et à certains contenants en verre (bières, boissons gazeuses). 

-Dans un Consignaction + : retour à l’unité (récupératrices automatisées), retour express (dépôt de sacs de contenants) et retour en vrac (dépôt en vrac de grandes quantités de contenants)

-Dans un Consignaction : retour à l’unité, retour express

-Dans un kiosque : retour à l’unité