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Stationnement pour handicapés : une mère de Saint-Constant déplore le manque de civisme

le mardi 14 février 2017
Modifié à 0 h 00 min le 14 février 2017
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Tasmine Esmail ne sait plus quoi faire pour empêcher les conducteurs d’utiliser illégalement les places réservées aux personnes handicapées.

Le scénario se répète chaque fois que cette mère de famille et son fils de 19 ans atteint de paralysie cérébrale effectuent des emplettes dans des commerces de la région.

«Ces places sont occupées par des personnes qui n’ont pas la vignette [délivrée par la Société de l'assurance automobile du Québec]. Elles restent dans leur véhicule attendant que leur conjoint termine leurs commissions. Il y a un manque de civisme», déplore la résidente de Saint-Constant.

L’Association des personnes handicapées de la Rive-Sud Ouest (APHRSO) reçoit régulièrement ce type de plaintes.

«Des personnes qui vivent ces inconvénients se font souvent répondre: «Je me suis stationné-là, parce que j’en ai pour deux minutes» ou «J’pars juste me chercher du lait. Je reviens», rappelle la directrice de l’APHRSO, Nancy Côté.

«Les gens à mobilité réduite se stationnent à cet espace qui leur est réservé non pas parce qu’elles sont pressées, mais pour leur sécurité», ajoute-t-elle.

Constat sur le terrain

Peu après avoir pris en photo Mme Esmail et son fils dans un centre commercial à Saint-Constant, Le Reflet a pu voir en l’espace de cinq minutes deux véhicules sans vignette se garer dans les espaces réservés aux personnes handicapées. Le conducteur d’une des voitures, moteur en marche, attendait que son amie revienne de ses commissions.

«C’est toujours comme ça», soupire Mme Esmail.

Cette dernière dénonce aussi le nombre peu élevé de cases de stationnement pour les personnes à mobilité réduite, ainsi que leur largeur qu'elle juge insuffisante. De plus, elle remarque que les conducteurs stationnent trop proches des cases d’handicapés, empêchant le déploiement de la plate-forme latérale des véhicules adaptés comme celui qu'elle possède.

 

Pas de plaintes

La Régie intermunicipale de police Roussillon indique ne pas avoir reçu de plaintes de la part des personnes à mobilité réduite concernant les espaces de stationnements réservés. La Régie rappelle que les personnes stationnées sans vignette s’exposent à un constat d’infraction de 100$, plus frais, pour un total de 169$.

Toutefois, il est difficile de porter plainte, selon Nancy Côté de l’APHRSO.

«Il faudrait qu’il y ait des rondes systématiques des policiers dans la journée pour faire respecter la règlementation, dit-elle. Le temps de réponse est trop long. La personne à mobilité réduite qui veut acheter un pain n’attendra pas une demi-heure que le policier arrive.»

Quant aux Villes consultées par Le Reflet, elles mentionnent qu’elles n’ont pas reçu de doléances de la part des utilisateurs de vignette. Candiac souligne pour sa part qu’elle a procédé en 2015 à une mise aux normes de toutes les cases de stationnements réservées aux personnes à mobilité réduite sur son territoire.

«Chacune des cases a été revue et corrigée au besoin. La dimension est d’une largeur propice à l’utilisation d’une plate-forme latérale. Les cases ont toutes été repeintes et les panneaux signalant leur emplacement sont positionnés pour être visibles», déclare la directrice des communications, Jacinthe Lauzon.

Normes

Les normes concernant l’aménagement des espaces de stationnement pour les personnes handicapées relèvent du Code de construction du Québec, indique l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ). L’organisme gouvernemental met à jour un guide destiné aux municipalités et entrepreneurs pour qu’ils s’y conforment. Pour tout édifice qui comporte 25 espaces de stationnement et plus, le code prévoit qu’au moins 1% de ces espaces doit être aménagé à l’intention des personnes handicapées. Pour les stationnements de 101 à 200 places, deux places sont réservées. Pour ceux de 201 cases et plus, on doit retrouver 1% de places réservées.

Quant à la largeur de la case, l’OPHQ mentionne que le Code de construction exige l’aménagement d’espaces surdimensionnés d’une largeur minimale de 2,4 mètres, bordés d’une allée latérale de circulation de 1,5 mètre sur toute la longueur.

 

10 %

Selon l’Office des personnes handicapées du Québec, on estime que 10 % de la population au Québec vit avec des incapacités. «D’autres personnes pourraient s’ajouter à ce pourcentage dont les personnes âgées ou encore celles qui ont des problèmes cardiaques ou pulmonaires. Elles pourraient également obtenir une vignette de stationnement de la SAAQ pour des raisons médicales ou de santé», mentionne Nancy Côté, directrice de l’Association des personnes handicapées de la Rive-Sud Ouest.