Sports

Steve Bossé: Le parcours d’un combattant

le mercredi 30 mai 2018
Modifié à 9 h 44 min le 30 mai 2018
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Que ce soit au hockey, aux arts martiaux mixtes ou à la boxe, Steve Bossé a toujours fait figure de négligé. Face à l’ex-champion du monde Jean Pascal qu’il affrontera le 29 juin à la Place Bell à Laval, peu de gens donnent cher de la peau du colosse de 36 ans. Mais le résident de Saint-Constant entend bien causer la surprise… Jeudi matin, 10h30. Dans la salle d’entraînement de la Zone sportive à Delson, la musique joue à plein régime, mais des râlements se font encore plus persistants. Assis au sol, dans une marre de sueur, Steve Bossé reprend son souffle après une séance d’entraînement qu’on devine très intense. Depuis l’annonce du combat le 10 mai, et pour quatre semaines encore, il enchaîne les exercices de conditionnement physique, les pratiques de boxe et les heures de course à pied. «Il est en mission, affirme son entraîneur physique depuis trois ans, Yann Joseph. Il fonctionne beaucoup par camp. Quand il sait qu’il a un combat à venir, il devient focus et va tout donner.» Le principal intéressé est satisfait de son camp jusqu’à présent. «Tout est à point: la diète, la coupe de poids, la puissance. J’ai souvent eu à m’entraîner blessé pendant ma carrière et tout va bien de ce côté-là en ce moment», dit-il en pointant les mains vers le ciel. «La boxe est moins propice à se blesser que les arts martiaux mixtes, ajoute-t-il. Une mauvaise chute dans l’octogone et c’est fini.» C’est d’ailleurs une blessure à l’épaule, qui l’avait contraint de se retirer avant son combat en UFC en juillet 2017, qui l’a convaincu d’abandonner définitivement les arts martiaux mixtes. Mais l’idée de faire le saut en boxe et d’affronter Jean Pascal lui trottait déjà dans la tête avant de quitter l’octogone. «Je m’entraînais pour mon combat de UFC et Jean avait lancé une flèche envers les gars des arts martiaux mixtes en disant qu’on ne savait pas boxer. Je lui avais répondu et il m’avait invité dans le ring pour me montrer comment ça marchait la boxe. Je me suis blessé et j’ai décidé que je voulais finir ma carrière avec des combats de boxe d’envergure», relate-t-il. Entretemps, Jean Pascal a accroché ses gants après un dernier combat en décembre 2017. Mais la guerre de mots sur les réseaux sociaux entre les deux hommes s’est poursuivie. «Je savais qu’il y avait une ouverture de son côté, mais que je devais la travailler. Ce n’est pas mon genre [de répondre sur les médias sociaux], mais je l’ai fait pour avoir le combat. Finalement, il a dit: je vais me prendre contre Bossé et je vais lui régler son cas.» Endurance et tactique Depuis, le Constantin, qui est pompier à la Ville de Saint-Constant, travaille sur son endurance pour offrir la meilleure opposition durant les dix rounds. «Il a déjà la force et la puissance, mais on veut surtout améliorer son conditionnement physique, explique Yann Joseph. J’amène de nouvelles choses à l’entraînement et il les assimile rapidement.» Habitué à combattre durant trois rounds de cinq minutes, Steve Bossé sait que son adversaire s’attend à ce qu’il commence le combat en force pour éviter de le prolonger. «Je sais que Jean va vouloir m’amener à la limite pour m’affaiblir. C’est pourquoi j’ai dit à Yann que je voulais qu’il me pousse et que tous mes entraînements soient longs, intenses et difficiles», explique-t-il. «Jean ne sait pas que je suis capable de bouger et de mettre de la pression sans tomber comme un amateur. Je vais le pousser dans les câbles, échanger avec lui et frapper au moment opportun», poursuit-il. Revanche Le sympathique athlète de 6 pieds en a fait du chemin depuis qu’il a joint les rangs de la Ligue nord-américaine de hockey en 2004. Il est le premier à l’admettre. «Partout où j’ai passé, les gens m’ont dit que je n’avais pas ma place. Je suis arrivé avec mon équipement de hockey dans la ligue en disant que je voulais me battre. En arts martiaux mixtes, j’étais juste le joueur de hockey, mais j’ai fait ma place au sein de l’UFC. J’ai reçu le prix du combat de la soirée et le top 5 des meilleurs combats en 2016», raconte-t-il. Jean Pascal a signé une clause revanche qui lui permettrait d’avoir une seconde chance contre Steve Bossé si ce dernier l’emporte. «Où j’en suis, à 36 ans, je n’aspire pas à être champion du monde, affirme-t-il lucide. Je n’ai rien à perdre et tout à gagner. Qu’importe le résultat, je vais être content.» Il assure que les spectateurs en auront pour leur argent. «On va avoir un combat ce soir-là. Ce ne sera pas deux gars qui vont chercher leur chèque de paie. Je veux le mettre le K.-O., lui aussi veut le faire. On est tous les deux orgueilleux. Je m’attends à ce qu’il soit prêt comme si c’était un combat de championnat. Si je le touche, je vais devenir un dieu!»
«Je veux que les gens se souviennent de ce combat et qu’on en parle pendant longtemps.» -Steve Bossé
[caption id="attachment_42091" align="alignnone" width="521"] Steve Bossé[/caption]