Sports

Sur la piste de Valérie Limoges

le mardi 28 juin 2022
Modifié à 15 h 12 min le 29 juin 2022
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Valérie Limoges devant sa voiture de course (Photo : Gracieuseté)

Le 21 mai dernier se tenait la première épreuve de la saison de la Coupe Nissan Sentra. Fidèle à son habitude, Valérie Limoges était prête, derrière son volant. La pilote qui a grandi dans le secteur Fatima de Longueuil n’a pas manqué une course de la compétition depuis 2015 et se plaît toujours autant dans le monde de l’automobile.

C’est à 12 ans que Valérie Limoges a lancé sa carrière de course, en karting. La passion pour l’automobile, c’est son père qui lui a transmise.

«Quand j’étais jeune, si je lui demandais 50$ pour magasiner, il me répondait : non, tu n’en as pas besoin. Le lendemain, je revenais et lui disais : j’ai besoin d’un set de quatre pneus pour mon kart, ça va faire 2000$. Là il répondait : ok parfait!» relate la sympathique pilote.

(Photo: Gracieuseté)

Depuis ses débuts en course automobile – en encore aujourd’hui –, ses parents la suivent autant que possible sur les pistes. Si elle se dit compétitive et désire gagner chacune des courses auxquelles elle participe, c’est d’abord par plaisir qu’elle pilote sur ce circuit.

«La compétition, j’adore ça!»
Valérie Limoges

«C’est comme des petites vacances. Six fois par année, on part avec le motorisé aux courses. On trippe, on se paye la traite, un gros barbecue avec de la bonne viande. Le soir, il y a des feux d’artifice, des festivités. Je le fais pour m’amuser.»   

La pilote travaille d’ailleurs en parallèle dans le monde automobile pour différents manufacturiers, sur des programmes de formation, des essais sur piste ou dans l’événementiel. Son salaire de course vient de commanditaires, mais elle assure ne pas perdre de sommeil sur l’argent gagné au cours de la saison de compétitions.

Une femme parmi les hommes

S’il y a peu de femmes dans le monde de la course automobile, Valérie Limoges estime qu’être en minorité dans ce milieu n’a jamais été un obstacle pour elle.

«Quand j’étais jeune, je me suis rapidement fait des amis, et dans le domaine, on se connaît tous. Je me suis bien intégrée et j’ai toujours eu plus d’amis de gars de toute façon», souligne-t-elle.

À son palmarès à la Coupe Nissan Sentra, elle a notamment monté plus d’une vingtaine de fois sur le podium, a terminé parmi les six premiers au classement général chaque saison et remporté quatre courses, dont deux fois le prestigieux Grand Prix de Trois-Rivières. 

«Je suis fière de l’avoir fait, le Grand Prix a une cinquantaine d’années et je suis la première femme à l’avoir remporté deux fois. J’aime ça battre des petits records comme ça», admet-elle.

Un détour par les États-Unis

Bien avant de courser en Coupe Nissan Sentra, Valérie Limoges a passé quelques années aux États-Unis au milieu des années 2000.

«C’est 1000 fois différent, la compétition est plus grosse, les budgets sont plus gros, les pilotes ont des salaires. C’est vraiment la grosse affaire!» décrit-elle.

Son séjour au sud de la frontière a été marqué par «un bon et un mauvais timing. Un bon, parce qu’une équipe m’a vu faire des bonnes performances à Trois-Rivières et j’ai pu obtenir un contrat de trois ans. Et un mauvais, parce qu’en 2008, il y a eu la grosse récession aux États-Unis et Ford s’est retiré des courses, comme plusieurs autres manufacturiers à l’époque.»

La pilote aurait bien aimé poursuivre l’aventure américaine, mais était tout de même heureuse de revenir au Québec. Après quelques années où elle a pris le volant à l’occasion, mais pas pour des championnats complets, elle s’est retrouvée dans la Coupe Nissan Sentra en 2015 et est la seule pilote à y avoir disputé toutes les courses depuis.
À 38 ans, combien de temps se voit-elle encore dans la série?

«Tant que j’ai des commanditaires, je me sens capable d’y aller une couple d’années!»

Trois dans un virage

La Coupe Nissan Sentra est une série monoplace, où chaque pilote conduit la même voiture, à quelques ajustements près. Une vingtaine de voitures prennent la piste sur un calendrier de six fins de semaine, à raison de deux courses par fin de semaine.

«Ça fait vraiment de bonnes courses! Les gens viennent nous voir impressionnés et nous disent : c’était bien meilleur que la course de Nascar ou que telles autres séries», indique Valérie Limoges.

Elle explique que dans certaines séries monoplaces, les voitures valent jusqu’à un demi-million, alors elles se tiennent loin les unes des autres en piste.

«Nous, parfois, on est trois ou quatre de large dans un virage. Il y a beaucoup d’accrochage, d’action, et c’est ça que les gens veulent voir. C’est la raison pour laquelle je le fais», ajoute la pilote.