Terminus 1836 : quand la proposition d’un citoyen fait du chemin !
Le maire de La Prairie, Frédéric Galantai, félicite Albert Juneau pour une photo officielle en compagnie de personnes liées au projet Terminus 1836. (Photo: Le Reflet – Sylvain Daignault)
C’est en toute simplicité, mais non sans fierté, que la Ville de La Prairie a inauguré ce lundi le Terminus 1836, un nouveau lieu commémoratif rappelant la mémoire du tout premier chemin de fer construit au Canada, entre La Prairie et Saint-Jean-sur-Richelieu, en 1836. Érigé à proximité de l’ancienne gare aujourd’hui disparue, le projet est né de l’initiative d’un citoyen, Albert Juneau, qui l’avait proposé dès 2022.
Le maire de La Prairie n’a pas manqué de saluer la ténacité de ce dernier. «En 2022 ou 2023, M. Juneau est venu nous présenter un ambitieux projet destiné à revaloriser l’emprise du premier chemin de fer au Canada, raconte Frédéric Galantai. Mais économiquement, c’était difficile pour les villes. On a sourcillé les premières fois devant l’ampleur du projet.»
Redonner vie à une emprise ferroviaire oubliée
Ancien journaliste et éditeur, Albert Juneau nourrissait un rêve : remettre en valeur l’emprise du premier chemin de fer entre La Prairie et Saint-Luc. Un projet colossal, presque pharaonique, qui s’ancre pourtant dans la mémoire des lieux.
«Les vieux résidents et d’anciens conseillers municipaux se souviennent d’avoir souvent traversé la voie ferrée qui courait sur la rue de la Levée, raconte M. Juneau. Les gens ignoraient à l’époque que cette voie ferrée était directement sur le tracé du chemin de lisse original.»
Une portion de chemin de lisse repose sur le tracé original comme l’explique l’un des sept panneaux d’interprétation. (Photo: Le Reflet – Sylvain Daignault)
Jusqu’au milieu des années 1980, une voie ferrée du CN occupait encore la rue de la Levée, avant d’être démantelée par la Ville. Sur les 8,2 kilomètres qui traversaient autrefois La Prairie, 1,5 km a disparu avec l’urbanisation. Il en reste aujourd’hui 6,7 km où subsistent les vestiges de l’emprise d’origine.
Terminus 1836, un hommage en images et en lumière
Aménagé à l’intersection de la rue Saint-Philippe, derrière le Centre multifonctionnel Guy-Dupré, le Terminus 1836 propose un véritable parcours de mémoire : un pavillon inspiré de l’ancienne gare, sept panneaux d’interprétation, et la réplique d’un tronçon du chemin de lisse — car à l’époque, il ne s’agissait pas encore d’une voie ferrée au sens moderne.
Le citoyen Albert Juneau est à l’origine du projet Terminus 1836. (Photo: Le Reflet – Sylvain Daignault)
Une imposante plaque d’acier patiné signée Claude Millette illustre la Dorchester, première locomotive à vapeur à avoir circulé sur ce tracé. Les visiteurs peuvent aussi découvrir des éléments phosphorescents au sol, réalisés par l’artiste Stéphanie Fiola.
À la croisée, une œuvre de Claude Millette. (Photo: Le Reflet – Sylvain Daignault)
L’endroit est facilement accessible par la piste cyclable.
Le maire insiste : tout a été accompli sans aucune subvention provinciale ou fédérale. «On s’est approprié ce projet-là pour garder les deux mains sur le volant, pour reprendre une expression populaire», dit-il.
Si la Ville a mené le projet à l’interne, la collaboration de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine et d’Exporail, le Musée ferroviaire canadien à Saint-Constant, a été jugée déterminante et dignement soulignée.
Incorporée le 25 février 1832, la Company of Proprietors of the Champlain and Saint Lawrence Rail-road a célébré le 21 juillet 1836 l’ouverture de sa ligne entre Saint-Jean et La Prairie, premier chemin de fer de l’histoire canadienne. Le trajet entre les deux municipalités durait 45 minutes, véritable prouesse à l’époque.