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Un ancien chauffeur d’autobus coupable d'exploitation sexuelle sur une mineure

le lundi 22 avril 2024
Modifié à 10 h 46 min le 25 avril 2024
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Un ancien chauffeur d’autobus scolaire sur la Rive-Sud de Montréal a admis avoir entretenu une relation avec une mineure pendant plusieurs années alors qu’il était en position d’autorité. Pierre Lafontaine a plaidé coupable à six chefs d’accusation pour entre autres avoir commis des contacts sexuels sur une mineure, au palais de justice de Longueuil, le 22 avril.

Pierre Lafontaine a plaidé coupable à des chefs de contacts sexuels sur une personne âgée de moins de 16 ans, d'incitation à des contacts sexuels sur une personne âgée de moins de 16 ans, d'exploitation sexuelle, de production de pornographie juvénile et de leurre informatique d'une personne âgée de moins de 18 ans.

Par l’entremise du procureur aux poursuites criminelles et pénales, Suzie* s’est dit soulagée de ce dénouement. Son identité ne peut être dévoilée en raison d’une ordonnance de non-publication.

«C’est une victime qui est vulnérable, qui a subi beaucoup de répercussions, encore à ce jour, pour des infractions qui datent d’il y a peut-être 15 ans. C’est normal en pareilles infractions sexuelles contre les enfants. On traîne souvent des séquelles pendant très longtemps malheureusement, a expliqué aux médias Me Bruno Des Lauriers. Elle est très affectée par ce qu’elle a vécu.»

La victime et son agresseur se seraient rencontrés lorsque M. Lafontaine était le chauffeur scolaire désigné de son secteur. Les deux se sont liés d’amitié, alors que Suzie s’assoyait souvent derrière le banc du chauffeur et qu’ils se parlaient matin et soir dans l’autobus. Lorsque cette dernière a changé d’école à l’âge de 15 ans, elle a accepté de donner son numéro de téléphone à M. Lafontaine. L’accusé était alors âgé de 55 ans.

Pendant cette période, Suzie vivait de la détresse personnelle. Elle était vulnérable, souffrait de troubles alimentaires et s’automutilait. M. Lafontaine le savait puisqu’il était son confident.

«Au fond d’elle, Suzie se soumettait aux désirs sexuels débridés de l’accusé, car de son côté, elle avait réponse à ses besoins affectifs auprès de lui, est-il écrit dans l’exposé des faits. Les relations sexuelles étaient fréquentes, intenses, dégradantes. L’accusé a pu assouvir tous ses fantasmes.»

Plusieurs années plus tard, Suzie a réalisé l’atrocité des choses qu’elle avait subies, avec l’aide de sa psychologue. En tout temps l’accusé était pleinement conscient de son âge et déployait des efforts lorsqu’il la présentait pour ne pas dire son âge véridique ou même son nom.

Pierre Lafontaine a essayé d'éviter les médias lors de sa présence au palais de justice de Longueuil. (Photo: Le Reflet - Guillaume Gervais)

«Elle détruirait sa vie»

Les premiers actes ont débuté en 2009. À la demande de Pierre Lafontaine, Suzie l’a rejoint au Mail Champlain, à Brossard. Il l’a invitée à embarquer dans sa voiture, s’est stationné plus loin et l’a embrassée avec la langue. La victime a alors figé et l’a laissé faire.

Pendant l’année scolaire suivante, Pierre Lafontaine est venu chercher Suzie deux à trois fois par semaine pour s’adonner à des actes de fellations et de masturbations mutuelles. La victime faisait semblant d’éprouver du plaisir quand l’accusé la masturbait, souhaitant que ça arrête.

Suzie a continué à voir fréquemment l’accusé, «car elle ne voulait pas le perdre». Elle le voyait comme «sa seule source de réconfort». L’accusé l’avait prévenue «qu’elle détruirait sa vie» si elle parlait de leur histoire.

La première relation sexuelle avec pénétration est survenue en octobre 2009, dans un motel, alors que la victime avait 15 ans. Souffrant de douleurs, la victime «se sentait sale». L’accusé ne portait pas de condom.

Par la suite, les actes sexuels se sont poursuivis quelques fois par semaine. Les relations sexuelles sont devenues intenses et dégradantes et pouvaient durer pendant des heures.

Parallèlement, l’accusé demandait fréquemment à Suzie de se connecter le soir sur MSN pour recevoir des shows devant la caméra. Les discussions, souvent sexuellement explicites, pouvaient survenir plusieurs fois par semaine, et ce, pendant des années.

Toujours selon l’exposé conjoint des faits, cette relation a duré plusieurs années, alors que les deux individus se voyaient comme un couple et échangeaient de nombreux courriels faisant état de leur amour et de leur attachement l’un à l’autre. Mais plus Suzie vieillissait, plus elle s’en éloignait. L’accusé n’était plus intéressé par elle.

Pierre Lafontaine a reconnu que pendant la période infractionnelle visée par les chefs d’exploitation sexuelle, il était en situation d’autorité ou de confiance vis-à-vis Suzie ou que celle-ci était en situation de dépendance à son égard ou qu’elle était dans une relation où il l’exploitait.

Au palais de justice de Longueuil, l’accusé a caché son visage lorsqu’il a croisé les médias.

Me Des Lauriers a confirmé que Pierre Lafontaine est le frère de Luc Lafontaine, ce résident de La Prairie tué en 2022 par Nicolas Côté, qui souhaitait venger une présumée victime d’agression sexuelle de Luc Lafontaine.

*nom fictif donné à la victime pour protéger son identité

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