Culture

Claude Aubin, un ancien policier qui en a long à conter

le mercredi 21 avril 2021
Modifié à 16 h 19 min le 21 avril 2021
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Sa carrière de policier à Montréal derrière lui, Claude Aubin profite de la retraite pour retourner en pensées sur les lieux du crime. Il tire de sa mémoire des souvenirs et les couche sur le papier. Après 32 ans, il en a long à écrire. « J’ai commencé ma carrière au centre-ville, rue Saint-Laurent. On se battait jeudi, vendredi, samedi. Il y a des gars qui venaient pour se battre avec des policiers. Il y avait des gangs, dans leur initiation, il fallait qu’ils se battent avec une police. On n’avait pas le droit de perdre la bataille. C’est tout ça que je raconte dans mon prochain livre », affirme le résident de Châteauguay. Le retraité a lancé un « GoFundMe » pour éditer « Balade en bleu » qui relate ses années de 1967 à 1972. « On y parle de l’incendie Calex, de Sir Georges Williams, de la grève des policiers en 69, de la Crise d’octobre, des bombes et surtout de notre quotidien dans la zone grise du centre-ville », détaille-t-il. Les intéressés sont invités à acheter son ouvrage à l’avance pour 30 $. Il a opté pour cette formule après avoir publié un premier livre avec une maison d’édition. « Vivre de sa plume sans se faire exploiter est de plus en plus difficile. Les éditeurs donnent 10% aux auteurs et exigent les droits cinématographiques ou autres. », justifie Claude Aubin. 3000 exemplaires de son premier livre paru en 2003, « La main gauche du diable », ont trouvé preneur. Dans ses pages et les titres suivants parus en 2015 et 2019, « Le Lansquenet solitaire » et « Rônin », il relate ses enquêtes à titre de sergent-détective. En cours de route, il s’est frotté à divers gangs criminalisés, a arrêté plus de 3000 personnes. « Un moment donné, j’ai eu trois contrats sur ma tête. Ça me motivait », fait part le retraité de 74 ans. Ne pas juger Au-delà d’arrêter des bandits, Claude Aubin confie : « Je n’ai jamais été la main de Dieu ni le bras de la justice. J’ai juste tenté de changer une petite partie du monde. Je disais à mes policiers, ne pas juger. Vous avez la chance d’être où vous êtes… ». Il est fier d’avoir vu des criminels s’amender. « J’ai eu la chance que des bonhommes décident de ne plus faire de crimes. Je n’en ai pas le crédit. Ils ont fait le travail. Moi, je n’ai que conseillé et supporté », exprime-t-il. Pourquoi écrire Qu’est-ce qui a motivé Claude Aubin à se lancer dans l’écriture ? « J’ai toujours aimé écrire. Dans les années 80, j’ai commencé le livre que je vais sortir bientôt. Il a dû attendre celui-là. J’avais la trilogie à faire avant. Ce désir est venu des lectures de mon enfance. Zola, Hugo, Conan Doyle, Hemingway et Malaparte. Sven Hassel qui a mis un style narratif vivant aux histoires », explique-t-il. Ce que ça représente pour lui ? « Ce que ça représente…presque une catharsis », confie l’auteur qui a encore trois manuscrits dans ses tiroirs. Salon du livre Claude Aubin est l’un des auteurs participant au Salon du livre du Roussillon qui se tient sur internet du 22 au 25 avril. La programmation comprend entre autres une expérience de réalité virtuelle, des tête-à-tête avec les auteurs, des ateliers de création d’aventure interactive et des conférences sur une foule de sujets comme l’histoire de la musique rap avec Félix B. Desfossés, l’état du Québec en 2021 avec l’Institut du nouveau monde et Stéphane Garneau et la réalité des parents dans un monde d’écrans avec Catalina Briceño. Les intéressés ont rendez-vous au salondulivrederoussillon.ca .