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VIDÉO - La Route verte sera achevée dans les terres agricoles à Saint-Constant

le mercredi 20 avril 2022
Modifié à 9 h 41 min le 20 avril 2022
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Le tracé sommaire suit celui de l’ancienne emprise ferroviaire abandonnée. (Photo: gracieuseté)

Le parachèvement de la Route verte entre Saint-Constant et Sainte-Martine a récemment franchi une nouvelle étape avec l’attribution du contrat des plans et devis. Si la nouvelle emballe les cyclistes, elle refroidit cependant les agriculteurs, qui verront ceux-ci circuler dans leurs champs. Ils donneront néanmoins la chance aux coureurs, promet l’un d’eux rencontré par Le Reflet. 

 

 

Selon les informations transmises par la MRC de Roussillon, la piste cyclable souhaitée par les élus s’étalera sur une distance de 18 km et sur une largeur de 3 m. Le tracé suivra celui d’une emprise ferroviaire abandonnée dont la MRC s’est portée locataire auprès du ministère des Transports pour une durée de 60 ans, a informé l’organisation constituée de 11 municipalités. La pierre de ballast sur laquelle repose l’ancienne voie ferrée servira de fondation.

À Saint-Constant, le parcours sillonnera les terres agricoles à proximité du rang Saint-Pierre jusqu’à Saint-Isidore. À partir de cette municipalité, il longera le rang Saint-Régis, puis déviera vers le boul. Sainte-Marguerite, à Mercier, pour se conclure à Sainte-Martine. 

Les plans et devis du projet ont été confiés à l’entreprise Shellex groupe conseil au coût de 411 000$, lors de l’assemblée du 30 mars. 

«Nous sommes confiants de pouvoir lancer un appel d’offres pour les travaux de construction à l’automne prochain», a précisé Christian Ouellette, maire de Delson et préfet de la MRC de Roussillon. 

Desjardins injectera une somme de 600 000$ au projet estimé à 7 M$.

«Nous sommes très heureux de voir ce projet se réaliser. Desjardins est fier de soutenir une initiative qui aura un impact positif sur les saines habitudes de vie dans notre milieu», a déclaré Maxime Lavoie, directeur général de la Caisse Ouest de la Montérégie à Mercier.

«Cohabitation harmonieuse»

L’emprise ferroviaire où la piste est projetée traverse les terres agricoles «d’environ sept ou huit» producteurs céréaliers et maraîchers, indique au Journal Marcel Desgroseillers, copropriétaire des Jardins Purdelys à Saint-Isidore. Ce dernier représente depuis un an leurs intérêts et les siens devant la MRC. 

Il ne cache pas que ses collègues étaient «tièdes» dès le départ à l’idée que les cyclistes aient accès aux champs. Puis, il convient qu’ils tenaient pour acquise l’ancienne voie ferrée. 

Ça fait entre 20 et 25 ans qu’on l’utilise pour se déplacer d’une ferme à l’autre avec notre machinerie. On savait qu’elle ne nous appartenait pas, mais on l’entretenait comme si c’était le cas», affirme celui qui siège au conseil d’administration de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie. 

M. Desgroseillers dit s’être battu pour que des voies parallèles d’une distance totale de 8,5 km soient aménagées, afin de permettre aux agriculteurs de circuler à travers les terres sans avoir à se déplacer sur le rang Saint-Régis. La MRC de Roussillon a consenti à cette mesure «pour atténuer les effets du passage des cyclistes et assurer une cohabitation harmonieuse avec les riverains», a fait savoir Sylvain Payant, maire de Saint-Isidore.

Quant à la propreté des lieux et au respect des champs, M. Desgroseillers dit avoir insisté sur l’installation de poubelles et leur entretien récurrent, notamment. 

La MRC a d’ailleurs confirmé au Journal être en discussion avec les Villes pour aménager des haltes et de toilettes, «ce qui contribuerait à rendre la piste cyclable d’autant plus attrayante et agréable d’utilisation». 

«On ne veut pas se retrouver avec des déchets comme des canettes dans nos champs, par exemple. Ni que les cyclistes s’arrêtent pour marcher comme bon leur semble. Des étangs seront clôturés aux frais de la MRC, entre autres, pour les protéger», note le producteur dont la sécurité des cyclistes le préoccupe aussi. 

«La sécurité est notre plus grande appréhension. On ne veut pas qu’il y ait d’accidents entre les cyclistes et la machinerie lourde», poursuit-il.

Dans le secteur urbain aussi

Invité à commenter, l’organisme de défense des intérêts des cyclistes Vélo Roussillon se dit pour sa part satisfait d’apprendre «que la piste verra finalement le jour. Celle-ci rendra leur trajet plus agréable, mais surtout, plus sécuritaire», affirme son président, Simon Lord. 

Bien qu’il se réjouisse de l’avancée du chantier, M. Lord espère que les Villes concernées investiront «au moins des sommes similaires» dans les pistes cyclables en secteur urbain et dense où des enjeux de sécurité sont aussi existants. Il fait remarquer que la vocation de la Route verte est d’abord récréative. 

«Il reste encore plusieurs endroits où il est pratiquement impossible de rouler à vélo de façon sécuritaire, dont la route 132, le boul. Taschereau et le chemin de Saint-Jean, ce qui freine beaucoup l'utilisation du vélo comme moyen de transport», plaide M. Lord, rappelant que 334 cyclistes ont été blessés entre 2011 et 2020 dans la MRC de Roussillon, selon ses statistiques.  

«Souhaitons que cette piste soit un premier pas qui révèle une volonté forte des élus d'améliorer le réseau cyclable», ajoute-t-il. 

Coûts

En plus de la subvention de 600 000$ de Desjardins, la MRC de Roussillon peut compter sur une contribution financière à parts égales de Québec et de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), jusqu’à concurrence de 1,9 M$ chacune. Une subvention pouvant atteindre 3,5 M$ a également été octroyée dans le cadre du programme québécois Véloce III. Le reste des coûts, estimés à 1 M$, sera couvert par la MRC de Roussillon.


«Si tout fonctionne, ce sera un bel exemple de collaboration avec les agriculteurs.»
-Marcel Desgroseillers, agriculteur