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Au secours de «sa» Haly

le mercredi 02 décembre 2020
Modifié à 11 h 12 min le 02 décembre 2020
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Véronique Chouinard a récemment lancé une collecte de fonds pour venir en aide à sa meilleure amie, «sa» Haly, dont la vie a changé sans crier gare il y a un mois. Avec un conjoint hospitalisé qu’elle tente de visiter chaque jour et cinq enfants âgés de 9 à 20 ans à la maison, elle n’arrive plus à joindre les deux bouts. Trois des cinq enfants de Haly – Haleema Rashid de son nom complet – ont des besoins particuliers. Résidente de Lacolle, elle travaille dans un organisme en santé mentale à La Prairie. Toute sa vie, Haly «ne l’a vraiment pas eu facile», soutient Mme Chouinard, qui a parlé au Reflet au nom de son amie, qui manque de temps et d’énergie en cette période difficile. Après des relations amoureuses difficiles et toutes sortes de malchances, Haly a rencontré l’homme de sa vie, Carl, en 2017. «Leur relation était un vrai conte de fées, relate la résidente de Saint-Constant. Ils se sont rentrés dedans comme deux pièces de casse-tête.» Mais le 25 octobre dernier, le malheur a cogné à la porte. 20 minutes En arrivant à la maison, Carl ne se sent pas bien. Atteint de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), il lui arrive souvent d’avoir de la difficulté à respirer. Il décide donc de prendre une douche, pour voir si la vapeur l’aidera à récupérer son air. «En sortant de la douche, il s’est mis à cogner partout et à crier à Haly d’appeler le 911», raconte Mme Chouinard. Au sol, Carl cesse de respirer; il n’a plus de pouls. Sa conjointe tente les techniques de réanimation. À leur arrivée, les ambulanciers demandent à cette dernière de sortir de la pièce. Quelques instants plus tard, l’un d’entre eux lui annonce l’inconcevable: Carl est décédé, mais il faut continuer les manœuvres de réanimation jusqu’à l’hôpital. En détresse, Haly appelle sa meilleure amie. «Ça fait huit ans que je la connais et c’est la première fois que je l’entendais pleurer», dit Mme Chouinard. Cette dernière ne fait ni une ni deux; elle rejoint Haly et l’accompagne à l’hôpital. Sur place, pandémie oblige, la Constantine attend son amie à l’extérieur de l’établissement. «Après environ une heure, elle m’a texté “il est vivant”, se souvient-elle. Ils ont réussi à le réanimer dans l’ambulance, mais il a été un bon 20 minutes en arrêt cardiorespiratoire. C’est un miracle qu’il se soit réveillé.» À la recherche d’espoir Carl a été intubé pendant 22 jours. Présentement sous sédation, il ne devrait pas sortir de l’hôpital avant plusieurs mois. À ce jour, les médecins ne sont pas encore en mesure d’évaluer les séquelles neurologiques. «Haly a commencé à lui parler. Il ne parle pas, il entend, il la reconnaît, il a l’air lucide, mais tant qu’il ne sera pas capable de parler, on ne peut pas trop juger», explique Mme Chouinard. Carl est entièrement paralysé du côté gauche de son corps. Une situation qui empêchera celui qui était frigoriste de travailler. Il devra faire de la réadaptation pendant plusieurs mois. Afin d’être au chevet de son conjoint, Haly a cessé de travailler et fait l’aller-retour de Lacolle à Longueuil tous les jours. Ce, en plus d’essayer de maintenir une routine normale pour ses enfants. «Ma belle amie essaie de garder la tête hors de l’eau», dit Mme Chouinard. Cette dernière a lancé une campagne Go Fund Me, Un souffle d’espoir pour Haly!, le 13 novembre, afin d’aider sa meilleure amie à payer l’essence pour ses déplacements, l’hypothèque, l’épicerie et autres dépenses quotidiennes. Jusqu’à maintenant, elle a récolté 1 185$ sur un objectif de 10 000$. «J’aimerais qu’on soit capable de lui donner une grosse dose d’amour et d’espoir», souffle-t-elle.
«Je trouve ça vraiment difficile parce que je me sens totalement impuissante» -Véronique Chouinard
«Elle a toujours été là pour moi» Véronique Chouinard et Haleema Rashid se sont rencontrées en 2012, alors qu’elles étudiaient à la technique d’éducation spécialisée au Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu. Elles amorçaient toutes deux une réorientation de carrière. Ç’a été un coup de foudre amical. Huit ans plus tard, Haly est marraine de la fille de Mme Chouinard. «Elle a toujours été là pour moi. Elle m’a accompagnée quand j’ai eu mon enfant toute seule. C’est ma Haly. Elle appelle mes parents m’man pis p’pa», laisse entendre la femme de 34 ans. Tous les jours, elle appelle son amie, afin de lui remonter le moral et de l’écouter. «Je ne peux qu’accueillir ses émotions quand il n’y a pas de positif, quand elle est fatiguée, tannée, brûlée, déprimée… Elle s’ennuie de son chum», conclut Mme Chouinard.