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La remise en forme d'un miraculé

le mercredi 17 juin 2020
Modifié à 14 h 15 min le 20 juin 2020
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Mateo Corrales courra 5 km au profit de la Fondation du CHU Sainte-Justine le 20 juin. Il n’y a en apparence là rien d’exceptionnel. Et si on vous dit que le Candiacois de 17 ans a dû réapprendre à marcher il y a quelques mois, à la suite d’un terrible accident qui l’a brûlé sur plus de la moitié de son corps? «Je voulais revenir en forme comme avant», raconte humblement l’adolescent, qui a aussi dû se battre avec la balance pour retrouver son poids en santé. Avant d’être électrocuté, Mateo pesait 135 livres. Il a ensuite perdu toute masse musculaire pour chuter à 105 livres. Puis, soumis à une diète d’environ 4 000 calories par jour à l’hôpital parce que son système se regénérait et qu’il dépensait autant d’énergie qu’un marathonien, il s’est remplumé. Trop même à cause de son immobilisme et des médicaments notamment. Il a alors frôlé les 200 livres. Sportif accompli et athlète émérite, Mateo n’a pas pu recommencer à bouger, à réapprendre à marcher et à se brosser les dents avant septembre dernier, soit 13 mois après son accident, puisque ses plaies n’étaient pas complètement cicatrisées avant. «Il a vraiment travaillé fort, confie son père, Gustavo Corrales. Au début, il ne pouvait même pas monter une petite marche et la redescendre avec une jambe. Ça lui demandait un gros effort.» À force de courage, de détermination et l’aide de professionnels (kinésiologue, ergothérapeute et physiothérapeute), Mateo s’est mis au travail, sans relâche. Il a aujourd’hui retrouvé son poids santé. Il s’est aussi remis à l’entraînement et a repris la forme à «98%», évalue celui qui court 5 km en 22 minutes actuellement plutôt qu’en 19-20 minutes avant son accident.
«Je ne savais pas avant l’accident que j’avais une telle force de caractère.» -Mateo Corrales
[caption id="attachment_88584" align="aligncenter" width="474"] Mateo Corrales (Photo - Le Reflet - Denis Germain)[/caption] Redonner et finir son secondaire en beauté [caption id="attachment_88585" align="alignleft" width="360"] Mateo Corrales a été brûlé sur plus de la moitié de son corps.[/caption] Avant que la pandémie ne bouscule ses plans, l’adepte de soccer et futsal devait être l’ambassadeur du Défi-jeunesse de son école – le Collège Durocher à Saint-Lambert – au profit de la Fondation du CHU Sainte-Justine. Qu’à cela ne tienne, il a décidé de courir 5 km et d’en faire une campagne de financement. En date du 12 juin, il a accumulé plus de 21 400$ sur son objectif de 25 000$. Pour lui faire un don, il suffit de se rendre sur le site jebougepourmateo.org. «Ils m’ont sauvé la vie», dit-il pour justifier son geste. Le finissant, lui aussi privé de bal en raison de la pandémie, a également réussi l’exploit de terminer son secondaire en même temps que ses amis. Pour ce faire, il a dû là aussi mettre les bouchées doubles, voire triples, pour étudier à la maison pendant sa réhabilitation avant de pouvoir retourner en classe en septembre dernier. L’expérience l’a changé à jamais. Mateo veut désormais devenir physiothérapeute. Une source d’inspiration et de motivation Racontée par le CHU et différents médias, l’histoire de Mateo Corrales fait le tour du monde tant elle dégage de l’espoir et du courage, mais également parce qu’elle tient du miracle. Mateo a subi une décharge électrique de 25 000 volts alors qu’il tentait de redescendre en catimini avec ses amis du toit d’une usine abandonnée à Candiac, le 26 août 2018. Dans le noir, il n’a pas vu la zone de haute tension. Il aurait été touché par un arc électrique. Il a ensuite chuté de 18 pieds dans cette zone dangereuse. Ses vêtements ont littéralement fondu sur lui. Il n’a jamais perdu connaissance malgré l’insupportable douleur. Il s’en est suivi une hospitalisation de quatre mois et neuf opérations. Dans les quatre premières semaines, sa vie tenait à un fil. Elles ont été ponctuées de deux arrêts cardio-respiratoires. Brûlé au thorax, au haut du dos, aux bras et aux jambes, il a subi de multiples greffes de peau. Il est parmi les trois cas les plus graves traités depuis 10 ans à l’hôpital pédiatrique montréalais. «C’est inimaginable et inhumain ce qu’il a vécu», laisse tomber son père. [caption id="attachment_88586" align="alignright" width="360"] Mateo Corrales avec son frère et sa soeur lors de son hospitalisation.[/caption] De son côté, Mateo impressionne par sa force tranquille et sa résilience. Jamais il ne s’est plaint pendant son chemin de croix, apprend-on. À peine a-t-il pleuré deux fois à l’hôpital, avoue-t-il. «Je me disais que c’est toujours mieux de rester positif», raconte-t-il.

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