Billet d’humeur : Mon merle a perdu son bec
Un merle d’Amérique semblable à celui-ci n’arrête pas de cogner dans mes vitres. (Photo: Depositphotos)
Vous vous y connaissez en ornithologie?
J’ai constamment cette comptine dans la tête depuis une dizaine de jours. En fait, depuis que j’ai entendu un merle d’Amérique se cogner le bec à répétition sur la fenêtre de ma chambre d’invités. Avant de l’avoir vu faire de même sur la vitre de la porte d’entrée. Puis l’avoir observé pendant des heures contre la paroi chromée de la cheminée extérieure.
Mais commençons par le début. Saviez-vous qu’on le connait davantage sous son nom commun de rouge-gorge? J’avais bien dû l’apprendre quelque part, mais je l’avais oublié.
Il paraît qu’au printemps, c’est la saison des amours et que cet oiseau défend farouchement son territoire contre tout autre mâle de son espèce. Vous l’aurez compris, c’est ce qui explique qu’il s’attaque à son reflet dans une vitre, par exemple.
Je dis il parait parce que c’est ce qu’une amie m’a raconté, mais je n’ai pas trouvé de littérature en ligne à ce sujet lors d’une courte recherche dimanche.
Mon merle a perdu son bec. Mon merle a perdu son bec. Un bec, deux becs, trois becs, marleau! Comment veux-tu mon merl', mon merl', comment veux-tu mon merl' chanter?
Je ne pense pas que la comptine soit une référence directe aux attaques répétées qu’il se fait à lui-même, mais j’en suis vraiment venue à me demander s’ils ne se blessent pas parfois. On s’entend, ce n’est pas un pic-bois dont la langue est conçue pour s’enrouler autour de son crâne afin de lui éviter une commotion cérébrale chaque fois qu’il picosse un arbre à la recherche d’insectes. Et une vitre, c’est plutôt solide.
La première fois que j’ai entendu le rouge-gorge cogner dans la vitre, au loin, j’ai cru à un événement isolé. Il était 5h du matin. Un samedi matin évidemment! Jérôme, qui se trouvait dans cette chambre, n’a jamais été capable de se rendormir. Contrairement à sa blonde qui a continué de dormir à poings fermés. Jérôme avait beau l’effrayer, le rouge-gorge revenait constamment affronter son reflet.
Le merle d’Amérique a une cervelle d’oiseau, n’est-ce pas? Oui, mais il est d’une ténacité à toute épreuve. Je l’ai vu s’acharner pendant des heures sur le tuyau de la cheminée. Déclenchant ma pitié de le voir se cogner ainsi le bec sans relâche.
J’espère que leur saison des amours est courte. Tant pour l’oiseau que pour nous.