Opinion

Billet d'humeur : têtue comme ma mère

le mercredi 19 septembre 2018
Modifié à 17 h 26 min le 19 septembre 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

Avez-vous des traits d’hérédité? On m’a souvent dit que je suis têtue comme ma mère. Lorsque j’ai une idée en tête, il est impossible de m’en faire décrocher. L’autre jour, ma mère m’avait demandé un coup de main pour tailler son érable. Elle aime qu’il soit en forme de boule. Or, il est rendu tellement grand qu’il faut monter dans une échelle et utiliser un coupe-branche avec une rallonge pour faire le travail. Ça prend une personne pour tenir l’échelle. Pour éviter qu’elle bascule dans le gazon. Sa demande m’était sortie de la tête. Puis, en me rendant chez mes parents un samedi après-midi, ça m’est revenu. Comme j’avais du temps devant moi, je me suis mise à l’ouvrage.
«La mort n’est qu’un déplacement d’individualités. L’hérédité fait circuler les mêmes âmes à travers la suite des générations d’une même race.» -Gustave Le Bon dans Hier et demain
Le hic, c’est qu’un gros nuage de pluie s’est pointé le bout du nez pendant que je m’exécutais. Ma mère m’a alors dit d’arrêter. Qu’on pourrait remettre ça. Mais il faisait si chaud (pas surprenant avec l’été qu’on a connu!) que ça ne me dérangeait pas de me faire mouiller. Au contraire, j’envisageais cette pluie avec joie. J’allais pouvoir me rafraîchir. Ma mère qui nous a toujours rabattu les oreilles à l’effet que nous n’étions pas faites en chocolat mes sœurs et moi n’était pas du même avis. Et je le savais pertinemment. Elle revenait de chez la coiffeuse et ne voulait pas que sa mise en pli soit ruinée. J’ai laissé le gros de la pluie s’abattre. Et je suis ressortie pour me remettre à l’ouvrage. Ma mère derrière moi. Après qu’elle se soit mise un bonnet en plastique sur la tête! À chaque branche que je coupais, elle me disait: «C’est correct comme ça Hélène, tu peux t’arrêter! C’est beau.» Mais je voyais bien qu’elle disait ça seulement pour la forme. Alors qu’il restait quelques branches rebelles à couper. Elle voulait que j’arrête parce que des gouttelettes lui tombaient sur la tête. Du ciel ou en provenance des branches. Je ne te l’ai pas dit maman – tu l’apprendras ici –, mais je riais un peu dans ma barbe. D’en faire qu’à ma tête. Comme tu me l’as transmis. Et de m’exécuter jusqu’à la satisfaction. Je sais que tu ne m’en tiendras pas rigueur de le raconter ici. Parce que tu nous as aussi appris à rire de nous.      

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