Opinion

Billet : Mon voisin

le mercredi 05 décembre 2018
Modifié à 16 h 36 min le 05 décembre 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

Connaissez-vous vos voisins? Il y a plus d’un an, un drame est survenu sur ma rue. Qui m’a ébranlée. La seule leçon concrète que j’ai pu en tirer, c’est que je devais me préoccuper davantage de mon entourage. Des gens qui vivent près de chez moi. Pas pour devenir leur meilleure amie. Ni dans l’intention d’aller prendre une bière ou un repas chez eux le samedi soir. Mais juste d’être capable de se saluer. De prendre parfois de leurs nouvelles. Dans le but de tisser un lien social. De développer une forme de solidarité de quartier. De se soutenir. Entre quelques individus. En raison de notre proximité. Ainsi, je me suis retrouvée à pelleter chez une voisine l’hiver dernier. Parce qu’il se faisait tard et qu’elle semblait être découragée. Je lui ai donné un bref coup de main. Alors qu’elle ne m’avait jamais adressé la parole. Je me suis aussi rapprochée d’autres voisins que je connaissais un peu. Normal après presque 20 ans à demeurer dans le même quartier. J’ai développé encore plus d’affection pour Reine et Grégoire. Pour Michel et son épouse. Une affection partagée. Malgré nos âges et nos rythmes de vie différents. Parce qu’on a le cœur à la même place. Avec le recul, je crois qu’il n’y a pas de hasard. À ce resserrement des liens.
«Celui qui a un bon voisin, disent les Grecs, possède un bien précieux.» -Nicolas Bentley
Je suis allée aux funérailles de Grégoire il y a quelques jours. Chose que je n’aurais jamais pensé. Il est tombé malade subitement. Il n’a jamais eu le temps de se faire à l’idée. Ni nous non plus. Foutu cancer. Une injustice encore une fois, tant c’était un homme bon. Qui avait tant encore à donner. J’ai le cœur gros encore aujourd’hui. À l’idée qu’il ne fera plus jamais partie de mon quotidien. Qu’il ne fera plus semblant de m’arroser avec son fusil à pression quand je descends de ma voiture. Qu’il ne me demandera plus d’arracher aussi ses mauvaises herbes. Qu’il ne prendra plus jamais de mes nouvelles à la troisième personne. Avec son grand sourire et sa joie de vivre. Il va me manquer, c’est certain. Il me manque déjà. Au moins, il a eu le temps de voir et ressentir tout l’amour que les siens et ses voisins avaient pour lui. Et toute la solidarité qui entoure sa chère Reine. Promis, on va en prendre soin.  

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