Actualités

Changement de zonage à Saint-Philippe : des Laprairiens voisins sont inquiets

le jeudi 15 février 2024
Modifié à 11 h 28 min le 16 février 2024
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Plusieurs citoyens de La Prairie et Saint-Philippe ont posé des questions sur le futur projet. (Photo : Le Reflet - Guillaume Gervais)

Plusieurs citoyens de La Prairie ont exprimé leurs inquiétudes lors de la consultation publique sur le changement de zonage «industriel léger» du terrain de Saint-Philippe enclavé entre Candiac et La Prairie, au nord de l’autoroute 30.

Une vingtaine de citoyens, dont plusieurs qui résident sur la rue Benoit-Charlebois et l’avenue Jacques-Martin, à La Prairie, craignent que la venue d’entreprises industrielles affecte la quiétude du secteur, d’autant plus que les bruits de camions ne sont pas considérés comme des nuisances sonores.

«Personne [de votre ville] ne nous a consultés, a déploré M. Durocher, qui habite le secteur. C’est nous qui allons vivre avec ça dans notre cour.»

La plupart des gens présents à la consultation du 12 février habitent sur la frontière du terrain de Saint-Philippe appartenant au promoteur immobilier Groupe Maison Candiac. Un projet résidentiel devait autrefois être développé, mais la Ville a évalué qu’il serait trop difficile d’acheminer les services municipaux étant donné que le terrain se situe de l’autre côté de l’autoroute.

Saint-Philippe prévoit établir des zones tampons aux frontières de Candiac et La Prairie et un corridor écologique d’un minimum de 90m (jusqu’à 260 m par endroit) afin de préserver la quiétude des voisins du site.

«Des talus et des plantations sont également prévus afin de prévoir un écran végétal à grand déploiement, confirme Marilou Robert, directrice des communications de Saint-Philippe. 44% du site est protégé et non construisible.»

Elle ajoute que «les futurs bâtiments devront être implantés de façon à réduire le bruit pouvant être occasionné par le camionnage et par le fait même, servir de mur de protection contre le bruit provenant de l’autoroute 30.»

Selon le directeur général Martin Lelièvre, le projet pourrait en tirer des revenus de taxes de 4 millions par année et créer près de 500 emplois. La Ville de Saint-Philippe cherche à diversifier ses sources de revenus étant donné que plus que 80% des revenus de taxes proviennent du secteur résidentiel. Des citoyens de Saint-Philippe ont quant à eux manifesté leur appui au projet lors de la consultation publique.

Le terrain visé par Saint-Philippe est enclavé entre les villes de Candiac et La Prairie, ainsi que l'autoroute 30. (Photo gracieuseté)

La Prairie veut collaborer

En entrevue avec Le Reflet, le maire Frédéric Galantai a expliqué qu’il s’oppose au projet après «être personnellement allé à la rencontre de nombreux citoyens».

«Ils m’ont exprimé leur vive opposition à ce projet, confirme-t-il. Le conseil municipal est là pour défendre les intérêts de ses citoyens.»

Le maire explique qu’il était en faveur de l'avis de motion qui a été donné en vue d’un projet de règlement lors de la rencontre du conseil de la MRC de Roussillon en octobre, mais avait à ce moment peu de détails sur la nature du projet. Lorsque La Prairie a «été mise au parfum» du projet à l’automne, le conseil municipal a adopté une résolution le 12 décembre pour «exprimer ses préoccupations face au camionnage et par rapport au trafic aux deux intersections qui sont déjà problématiques» près du chemin de Service. Dans la lignée avec la résolution adoptée, M. Galantai a exprimé sa dissension par rapport au changement de zonage lors de la dernière séance du conseil de la MRC, le 31 janvier.

«Une étude de circulation est en cours [avec le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD)] pour avoir un topo de la situation actuelle, mais projetée également, fait savoir Nathalie Leclaire, directrice générale de La Prairie. Il va y avoir de l’achalandage encore plus accru à ces intersections.»

La Prairie dit privilégier avant tout le dialogue et continue d’être en pourparlers avec Saint-Philippe afin de trouver des solutions, mais ne ferme pas la porte à utiliser la voie juridique.

«L’idée, c’est d’arriver à une entente qui soit à la satisfaction d’abord et avant tout de nos citoyens, puis ultimement de ceux de Saint-Philippe, mais on est là pour servir avant tout nos propres citoyens», poursuivent M. Galantai et Mme Leclaire.

Trafic et environnement

D’autres Laprairiens, dont la conseillère municipale Paule Fontaine qui représente le district du secteur visé, ont exprimé qu'ils appréhendent l’augmentation de circulation par camion qui risque de créer des entraves près du quartier Symbiocité et de l’autoroute 30.

«Je pense que c’est vraiment quelque chose à considérer, a-t-elle dit au micro lors de la consultation publique. Déjà là, avec les citoyens que nous avons, c’est bloqué aux heures de pointe. Les camions vont venir de partout, donc je pense qu’il va vraiment y avoir une problématique.»

Pour la circulation, Saint-Philippe a assuré qu'elle collaborera avec le MTMD et les villes avoisinantes pour trouver des solutions.

Des craintes concernant la préservation des milieux humides et de l’habitat de la rainette faux-grillon ont également été soulevées. Saint-Philippe explique que «puisque le projet ne détruit aucun milieu humide, elle n’a pas besoin l’approbation du ministère de l’Environnement» en ce sens.

La Ville a décidé qu’elle garderait 29,10 ha de secteur protégé sur une possibilité de 56,4 ha, à la suite de consultations auprès de biologistes et de groupes environnementaux. Elle compte également préserver le boisé dans le secteur.

«En amont de tout ça […] il y a eu des communications avec le Ministère, avec des agents de la Faune fédérale pour s’assurer qu’il y ait des mesures de protection mises en place», a indiqué Jérôme Carrier, directeur du Service de l’urbanisme et du développement durable.