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Des pièges installés dans un boisé attirent l'attention

le mercredi 09 février 2022
Modifié à 13 h 02 min le 09 février 2022
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Un des collets retrouvés dans le boisé. Ceux-ci servent à capturer l’animal par le cou. (Photo gracieuseté)

Des collets destinés à capturer des renards ont été retrouvés le 8 janvier dans le boisé situé derrière l’école Armand-Frappier à Saint-Constant. Ce, alors que cinq bêtes s’y trouvaient piégées. Des acteurs impliqués mettent en garde les marcheurs qui y promènent leurs animaux, afin d’éviter qu’ils ne s’y prennent le cou.   

Ce sont des membres de l’organisme La vigile verte qui ont croisé les animaux emprisonnés, alors qu’ils se baladaient dans le boisé de conservation Héritage Roussillon. «Pour des raisons humanitaires»,les bêtes vivantes, au nombre de quatre, ont été relâchées, a partagé l’organisme de conservation environnementale sur sa page Facebook, le 19 janvier. Ses membres ont «trouvé plusieurs animaux vivants dans ces collets, parfois seulement à quelques mètres de résidences et de la voie ferrée», a rapporté la Vigile verte. Un renard était quant à lui mort. 

L'organisme a informé la Régie intermunicipale de police Roussillon et la Gendarmerie royale canadienne, en raison de la proximité avec la voie ferrée. L’enquête a été transférée à SOS Braconnage, qui est responsable de faire respecter la réglementation provinciale à ce sujet.

«En tant que corps policier municipal, nous n’avons pas le pouvoir de la faire appliquer», a expliqué Geneviève Boudreault, agente aux relations médiatiques de la Régie.

D’après la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune, le piégeage est autorisé de la mi-octobre au début mars. Un chasseur ne peut s’adonner à son passe-temps sur des terrains municipaux que si un permis est délivré par la Ville. Or, ni Saint-Constant ni Sainte-Catherine – jusqu’où le boisé se prolonge –  n’endossent cette pratique, confirment-elles au Journal. Le trappeur, rencontré sur place par la Vigile verte, lui a dit qu'il n'avait pas de permis. 

«Des permissions doivent être accordées par les propriétaires de terrains. À ce jour, aucune permission n’a été demandée et la Ville n’autoriserait, en aucun temps, ce genre de pratique sur les terrains lui appartenant», a indiqué Manon Mainville, directrice des communications de Saint-Constant.

À leur connaissance, c’est la première fois que les deux Municipalités doivent composer avec cette situation, précisent-elles.

«La situation a été prise en charge. Les contrevenants ont été identifiés. Avec l’aide de la Vigile verte, des pièges ont été retirés étant donné qu’ils avaient été installés sans permission, mais il est toujours possible qu’il en reste certains», a prévenu Mme Mainville.

Sujet sensible

Pour sa part, la directrice de l'organisme, Gina Philie, estime que le piégeage est un sujet sensible «qui pourrait entraîner des dérives à propos de la cruauté animale». Ce, pourquoi elle a attendu avant de partager la nouvelle sur ses réseaux sociaux, a-t-elle dit au Reflet.

L’organisme voulait ainsi éviter une situation semblable à celle des cerfs au parc Michel-Chartrand à Longueuil, qui soulève les passions.

«On souhaite que la pratique du piégeage soit encadrée de manière compréhensible dans la réglementation municipale en tenant compte des pratiques de la population sur le terrain, puis que cette réglementation soit adaptée aux différentes réalités du périmètre urbain et agricole. D'encadrer la pratique implique de recueillir de l'information, réfléchir à ce qui convient, puis de trouver une application cohérente et intelligente qui va être respectée et comprise de tous», a expliqué Mme Philie.

Elle précise que les populations de renards «se portent bien» en termes de quantité et qu’elles s’adaptent «avec brio au milieu urbanisé».

Vigilance

La directrice de la Vigile verte note qu’un collet sert à capturer l’animal en l’attrapant par le cou et non les pattes, réduisant ainsi son degré de dangerosité pour l’humain.

Les Villes concernées rassurent les marcheurs qui auraient des craintes. Ils ont été nombreux à les manifester sous la publication de la Ville de Saint-Constant sur sa page Facebook, le 18 janvier. Les Municipalités invitent toutefois ses résidents à faire preuve de prudence.

«Même si cette situation a été prise en charge et que les pièges ont été retirés, nous recommandons tout de même aux citoyens de rester vigilants lorsqu’ils se promènent dans les bois et de garder leur animal de compagnie en laisse», a mentionné Amélie Hudon, directrice des communications de Sainte-Catherine.

«Les petits rubans sont souvent des indicateurs laissés par les trappeurs qu’il y a un piège ou un collet dans les environs.» -Manon Mainville, Ville de Saint-Constant

Que dit la loi ?

«Il est de la responsabilité du piégeur de s’informer de la réglementation en vigueur et de s’assurer d’avoir toutes les autorisations d’accès au territoire si nécessaire», informe Sylvain Carrier, relationniste de presse au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Un individu contrevenant à la règlementation encadrant s’expose à des infractions variables en fonction de la gravité de l’acte commis et aux amendes correspondantes, ajoute-t-il. Pour pratiquer le piégeage au Québec, il faut suivre une formation et détenir son permis, «qu’on soit propriétaire ou non du terrain sur lequel l’activité est pratiquée», précise M. Carrier. Selon la région, on peut y attraper des renards, des loups, des ours, des coyotes ou des castors, notamment.