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Exploitation sexuelle : un chauffeur d’autobus condamné à six ans de prison

le mercredi 04 juin 2025
Modifié à 13 h 48 min le 04 juin 2025
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

L’identité de la victime est protégée par une ordonnance de non-publication. (Photo : Le Reflet – Guillaume Gervais)

Après un processus judiciaire qui a duré plus de deux ans, la juge Dannie Leblanc a rendu sa décision le 3 juin dernier dans le dossier de Pierre Lafontaine, ce chauffeur d’autobus de Brossard qui avait abusé d’une adolescente entre 2009 et 2012. Celui qui sera inscrit au registre des délinquants sexuels passera les six prochaines années derrière les barreaux.

L’année dernière, Pierre Lafontaine avait reconnu sa culpabilité sur les chefs d’accusation d’exploitation sexuelle, de contacts sexuels sur une mineure, d’incitation à des contacts sexuels, de production de pornographie juvénile et de leurre. Alors qu’il jouissait de sa liberté pendant le processus judiciaire, la défense proposait une sentence de trois ans en prison, alors que la Couronne en suggérait sept.

Sa victime, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, a confié à Gravité Média qu’elle était soulagée que son agresseur reconnaisse ce qu’il lui avait fait subir pendant ces années.

«Ça termine le chapitre juridique de tout ça, a-t-elle indiqué à sa sortie du palais de justice de Longueuil. Ça ne ferme pas le livre, parce que pour moi, tout continue. Ma vie quotidienne continue avec mes traumas, mais au moins ça, c’est terminé.»

Elle se souvient de la nervosité qu’elle ressentait avant de se lancer dans le processus judiciaire. Même si cela semblait être une grosse montagne à gravir, elle est fière d’être passée au travers.

«Moi j’ai décidé d’aller de l’avant pour ma guérison et pour qu’il voit ce qu’il a fait, explique-t-elle. Ça m’a demandé beaucoup, parce qu’au tout début de ma thérapie, je ne voulais pas porter plainte. Avec le temps, en plus des contacts que j’ai eu avec Pierre [VL2] pour essayer de discuter de ce qu’il s’était passé et que ça n’avait pas fonctionné, ensuite j’en suis venue à la conclusion que de porter plainte me permettrait de poursuivre mon cheminement.»

Elle estime que Pierre Lafontaine a compris ce qu’il lui avait fait et les dommages qu’il lui avait causés. Elle souhaiterait éventuellement passer par la justice réparatrice.

«Je pense que ça ne pourra jamais autant se régler que si on était capable de s’asseoir ensemble, avec une tierce personne, et de discuter de ce qui s’est passé, croit-elle. Je réalise à quel point ça serait difficile, mais c’est un processus que j’ai en tête oui.»

Même si son parcours a été épuisant, elle conseille à celles qui voudraient porter de plainte de ne pas abandonner.

«Il faut qu’elles le fassent pour elles. C’est un processus qui en demande beaucoup. Moi de ce que j’ai vécu, on est quand même bien accompagné. Même si les délais sont longs, je me suis sentie bien entourée par les services qui étaient offerts.»

Abus de confiance

Dans son jugement, la juge a noté que l’abus de confiance était «central et déterminant» dans le dossier de Pierre Lafontaine, résident de Saint-Zénon. Parmi les facteurs aggravants, elle a nommé l’âge de la victime, l’abus de confiance, les faits et gestes qui se sont produits sur plusieurs années ainsi que la demande à sa victime de garder leur relation secrète. Parmi les facteurs atténuants, elle a noté l’absence d’antécédents judiciaires ainsi que son plaidoyer de culpabilité.

«La faute revient uniquement et seulement à l’agresseur, a-t-elle lu en salle d’audience. Il importe d’affirmer haut et fort à la victime: elle n’a commis aucune faute. Elle a été manipulée, amenée à croire que ce qu’il se passait entre eux était normal.»

Selon l’exposé conjoint des faits, Pierre Lafontaine avait rencontré sa victime pour la première fois lorsqu’il était son chauffeur d’autobus à 12 ans. C’est vers 15 ans que les deux ont commencé à entretenir une relation plus sérieuse, d’autant plus qu’elle vivait une période difficile et s’est mise à se confier à lui.

«C’est une victime qui est vulnérable, qui a subi beaucoup de répercussions, encore à ce jour, pour des infractions qui datent d’il y a peut-être 15 ans. C’est normal en pareilles infractions sexuelles contre les enfants. On traîne souvent des séquelles pendant très longtemps malheureusement, avait expliqué aux médias Me Bruno Des Lauriers. Elle est très affectée par ce qu’elle a vécu.»

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