Opinion

Fausse urgence

le mercredi 23 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 23 mars 2016
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Voici le billet du 23 mars d'Hélène Gingras.

Savez-vous détecter les urgences?

À une certaine époque, quand Le Reflet était fermé la fin de semaine, le répondeur donnait mon numéro de pagette (rien pour me rajeunir!) à composer en cas d'urgence.

De mémoire, ça n'a jamais servi à rien. À une reprise, les policiers m'avaient appelée au milieu de la nuit. Pour me signaler l’incendie criminel d'un dépanneur à Sainte-Catherine. Quand j'étais arrivée sur place, il n'y avait plus aucune flamme. Les pompiers étaient repartis.

J'aurais très bien pu aller prendre une photo le lendemain matin. Avec le même résultat. Sinon mieux parce qu'il aurait fait jour…

À plusieurs reprises, ma pagette a servi à retourner des appels à des gens qui voulaient parler à quelqu'un du Journal sur-le-champ. Au lieu de laisser un message. Souvent, je ne pouvais rien faire d’autre que de leur dire de contacter un tel le lundi matin.

Une fois, j’ai dû réfréner les ardeurs d'un citoyen qui avait pris l'habitude de m’appeler les dimanches matin pour discuter de l'autoroute 30. Après notre 3e conversation en quelques semaines, je lui avais poliment expliqué que c'était un numéro d'urgence...

Désormais, il m'arrive de n'avoir pas le temps de retourner mes appels au bureau reçus une heure plus tôt. Et qu’une personne qui cherche à me joindre me recontacte aussitôt. En me faisant comprendre que je ne l'ai pas rappelée même si elle vient de me laisser un message. Je m'excuse chaque fois de n'avoir que deux bras et deux jambes et seulement 24 heures dans ma journée...

Le record? Trois appels de la même personne en moins d'un avant-midi. J'aurais pu penser qu'une catastrophe était survenue. Mais il n'en était rien. Elle voulait seulement une réponse tout de suite.

Êtes-vous du genre à laisser un message à quelqu’un qui n’est pas disponible? Ou à l’appeler tout de suite sur son cellulaire si elle n’a pas répondu? Au lieu de lui laisser un message.

On se plaint aujourd'hui que tout va trop vite. Qu'on se sent bousculé. Mais on crée nous-mêmes ce cercle vicieux. Et cette situation contradictoire. À exiger des réponses dans la seconde qui suit.

Comme si le téléphone traditionnel et le répondeur n’étaient plus assez efficaces. Dépassés.

Je pense qu’il faut revoir la définition du mot urgence.

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