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Heure du conte : la drag queen Barbada à Sainte-Catherine

le mardi 14 mars 2023
Modifié à 14 h 40 min le 14 mars 2023
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Sébastien Potvin a créé le personnage de Barbada il y a 18 ans. (Photo: Gracieuseté - Martine Poulin)

La drag queen Barbada sera de passage à Sainte-Catherine en avril dans le cadre d’une heure du conte qui affiche complet. S’adressant aux enfants de 3 à 6 ans, l’artiste leur lira une histoire dans ses habits colorés, coiffée et maquillée avec exubérance pour encourager l’ouverture face à la diversité, notamment.

L’heure du conte avec Barbada, «c’est familiale et joviale. Je me présente, puis j’ai ma sélection de contes en lien avec la diversité et la différence qui s’adressent aux petits. On a aussi une activité musicale et je reste toujours pour échanger», explique Sébastien Potvin, de son vrai nom. 

L’artiste fait beaucoup de recherche pour choisir des livres qui s’inscrivent dans son objectif d’aborder certains sujets avec doigté. Barbada considère que les jeunes de nos jours sont confrontés à certains enjeux comme la sexualité très tôt, avec les réseaux sociaux notamment.  

«Ils entendent déjà parler d’homosexualité. Les gens paniquent un peu lorsque je mentionne ce mot. Évidemment, je suis loin de parler d’actes sexuels. On parle d’acceptation, de compréhension, de consentement et d’amour», explique le performeur.

«La magie d’un conte jeunesse, c’est qu’on peut parler de sujets d’adulte avec des mots d’enfant.»
-Barbada

L’idée d’un garçon qui porte une robe pour le plaisir, l’identité de genre en bas âge, la perception de son corps, mais surtout la liberté de s’exprimer sur de tels aspects font aussi partie des thèmes abordés par la drag queen.

«On avance»

En termes de perception, celle qui visite les bibliothèques du Québec avec l’heure du conte depuis 2016 remarque l’évolution et l’ouverture d’esprit des gens à l’égard de son personnage flamboyant. 

«Maintenant, les enfants connaissent Barbada grâce à mon émission de télé. Je leur explique comment, grâce à la drag, je peux avoir des costumes différents, comme eux à l’Halloween, mais que moi je le fais pour mon travail, parce que j’aime me déguiser», décrit-elle.

(Photo: Gracieuseté - Agence iel)

Souvent associées aux spectacles dans les bars, les drag queens n’ont pas nécessairement l’habitude de s’adresser aux enfants. 

«Il y en a plus qu’on pense, fait remarquer Barbada. C’est quelque chose que j’ai vu aux États-Unis, puis avec un ami bibliothécaire nous avons lancé le concept ici lors d’un événement de la Fierté à Montréal. Maintenant, on reçoit des tonnes de demandes. Ç’a tellement changé», se réjouit-elle. 

Comme Sébastien Potvin enseigne à des élèves de 6e année, il a également souhaité marier ses deux professions.  

«Voir l’ouverture d’esprit des adultes de demain, c’est encourageant. Quand je travaille avec les enfants et les ados, je constate qu’ils sont plus ouverts à la différence et à l’acceptation, même si ce n’est pas parfait, on avance», remarque-t-il. 

Barbada ajoute que si des gens sont craintifs que leurs enfants assistent à l’heure du conte, son souhait est que ceux qui ferment la porte ne la barrent pas complètement. 

«Une porte fermée, je peux l’ouvrir un petit peu. J’invite ces gens à venir sans leurs enfants pour voir l’activité, discuter avec moi, je suis une personne qui a tellement d’écoute», souligne-t-elle. 

Controverse

Barbada a fait les manchettes l’année dernière, alors que des plaintes se sont accumulées à certains endroits qui offraient l’heure du conte. Du côté de Sainte-Catherine, la Ville dit avoir reçu plus de commentaires positifs que négatifs. D'ailleurs, en date du 10 mars, l'événement pouvant accueillir une trentaine de personnes affichait complet. 

«Nous avons ainsi choisi d’inviter Barbada pour susciter l’intérêt envers les activités d’éveil à la lecture et parce que la création de milieux de vie plus inclusifs fait partie de nos orientations en matière de développement durable», fait savoir Marina Badani, conseillère en communications à la Municipalité.