Actualités

La vie après l'anorexie

le mercredi 14 octobre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 14 octobre 2015
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

À 19 ans, Annabelle Orsini croyait être en plein contrôle de sa vie. Pourtant, en se surentraînant et se nourrissant très peu, sinon jamais, elle se détruisait à petit feu. Récit d’une athlète lumineuse qui a su rebondir.

En entrant au Reflet, Annabelle a illuminé la pièce de son sourire. La journaliste avait devant elle une fille radieuse. Il y a quelques années, l’image renvoyée aurait été bien différente, puisque la Constantine ne s’aimait pas. Elle souffrait d’anorexie. En 2013, Annabelle faisait des attaques de panique à répétition. Elle étudiait à temps plein, travaillait à temps partiel, s’entraînait beaucoup, mais ne mangeait pratiquement pas. Or, la jeune femme n’a pas décidé d’arrêter de s’alimenter du jour au lendemain. Le processus s’est fait de façon insidieuse. Dans sa tête, l’athlète le faisait pour prendre soin d’elle. «Je me suis mise à lire sur la nutrition, mais j’interprétais tout de travers, raconte-t-elle. Si on disait qu’une personne en surpoids devait diminuer les glucides, j’arrêtais d’en manger. J’ai commencé par couper le pain, les pâtes, mais après ç’a été aussi les fruits et les légumes. À la fin, je ne mangeais que des galettes de riz.» La chute Au début, son entraîneur (qui est aussi son copain) lui interdisait de s’entraîner si elle n’avait pas mangé. Elle a donc commencé à lui mentir. Jusqu’au jour où son corps a craqué. De septembre à décembre 2013, tout a déboulé très vite. À Noël, la jeune femme dit avoir touché le fond. «Je m’endormais tous les soirs en pleurant, se souvient-elle. Un soir, ma mère est entrée dans ma chambre et je lui ai dit que je voulais que ça cesse. Je n’en pouvais plus de toute cette pression que je m’infligeais.» Après un séjour à la clinique St-Amour à Québec et un travail énorme sur elle, Annabelle a commencé à se «reconstruire». Un mode de vie sain Aux dires de l’athlète, le gym a toujours été un exutoire. Elle n’y allait pas pour maigrir, mais pour arrêter de penser et souffler un peu. De retour sur pied, elle a voulu se remettre au sport, mais de la bonne façon. La Constantine a rencontré une naturopathe, Mélody Comtois-Bonin, qui a été déterminante dans son parcours. «Mélody m’a fait un plan alimentaire et m’a dit d’écrire ce que je mangeais et comment je me sentais dans un journal de bord, explique-t-elle. Chaque fois que j’ai eu des craintes ou des moments de panique, Mélody était là pour me soutenir et me rassurer.» À 21 ans, Annabelle est fière d’elle. Elle est en santé et a relation saine avec la nourriture. «Je ne suis plus la même, constate-t-elle. Avant j’étais irritable, hyper contrôlante et je me tapais constamment sur la tête parce que je n’étais jamais satisfaite de moi. Je ne profitais de rien parce que je pensais tout le temps à ce dont j’avais l’air. Maintenant, j’apprécie chaque moment et je me sens bien.» En la regardant, impossible de ne pas la croire.   Adepte de CrossFit Le 3 octobre, Annabelle Orsini a participé au Wodktoberfest, une compétition de CrossFit à Ottawa, où elle a terminé en 3e position. Son prochain objectif est d’obtenir un bon classement pour les Opens, la première étape en vue des Mondiaux.