Opinion

Le temps d’une journée

le mercredi 23 décembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 23 décembre 2015

Il m’est arrivé plusieurs fois de calculer le nombre d’heures que nous perdons dans la vie à dormir. On se rend vite compte que nous en perdons un peu moins de la moitié. Les 27 et 28 novembre, j’ai pris la décision d’investir ce temps pour voir si cela en valait vraiment la peine. J’ai donc décidé de monter une équipe pour un défi 24 heures à la Zone sportive, à Delson.

Les 24heures de Maxfit, cela consiste en quatre trainings que nous répétions sans arrêt, à relais pendant 6 heures. Le maxfit est un exemple de crossfit un peu moins technique et tout aussi cardio. Un beau défi pour une équipe qui, en fait, n’était que des sportifs de garage. J’avais monté une équipe avec Steven Reiter, Yannick Deslauriers, Julie Deslauriers, Julie Legault, Danny Haché, Ghislain Bourdeau, Nancy Boucher, Yannick Duplessis et moi-même, tous de Charles River Laboratoires.

Mon équipe et moi sommes arrivés très motivés pour l’événement. Par contre, à notre arrivée, une chose nous frappa de plein fouet: il y avait un très grand nombre d’athlètes. Des habitués du maxfit, je devrais dire. Chacun d’entre eux discutait avec nous, les inconnus. Un petit sourire en coin, sachant pertinemment ce qui nous attendait.

Un départ canon de la plupart des gens nous incita à nous dépasser davantage. La sueur était au rendez-vous et les muscles commençaient déjà à se fatiguer. La présence de chacun des coéquipiers de l’équipe motivait tout le monde à rester et ne pas abandonner.

On se rend vite compte, en fait, que tout le monde souffre. Tout le monde n’en peut plus mais continue. Parce que notre volonté devient plus forte. Parce que notre motivation à se dépasser augmente sans cesse. Je prends donc deux secondes pour vous expliquer ce que moi j’ai vécu.

À un certain moment durant le 24 heures, je sentais que je ne voulais plus forcer, que j’étais rendu faible et que, de toute façon, même si j’arrêtais, je perdrais quoi? J’allais recommencer plus tard, ni vu ni connu. C’est à ce moment que j’ai traversé les portes battantes du centre d’entraînement pour aller commencer ma série d’exercices et que j’ai vu un homme, mi-trentaine, monter un box - boîte de bois - sans aide pour qu’il s’accroche au barreau afin de faire des Chin-up. Jusque-là, tout ne semble pas si complexe, mais lorsqu’on s’approche, on voit un athlète qui se donne à 100%, peu importe ce qu’il fait. C’est lorsqu’on regarde de plus loin qu’on se rend compte qu’il n’a pas de pieds, il ne lui reste rien sous les genoux. Que des prothèses agrandies par des tiges de métal rentrées dans des souliers lui permettent d’être quelque peu stable. Si l’image de cet homme ne fait pas en sorte que vous vouliez davantage, rien ne vous fera pousser cette fonte.

Notre équipe a finalement tenu coup, et ce, jusqu’au bout. Les quelques dernières secondes de planche qui nous achevaient et le son de la voix des entraîneurs retentissait 4, 3, 2, 1. Le même décompte joyeux que celui de la «bonne année». Tout le monde se félicitait, se serrait la main.

Ensuite est venu mon moment préféré, celui qui m’a rempli les yeux, qui nous a fait réaliser à tous que ce que nous venions d’affronter n’était rien comparé à ce pourquoi nous l’avions fait. Les trois organisateurs prirent la parole au micro pour nous remercier de l’effort donné ainsi que du succès de l’événement. Et il remit un chèque de 5500$ à la Fondation B3 qui soutient la pratique du sport chez les jeunes québécois. Elle vise notamment à assurer un encadrement aux athlètes de haut niveau et à ceux qui ont le potentiel de le devenir.

Ensuite, le jeune Olivier Roy, atteint de paralysie cérébrale, est venu en avant et l’armoire à glace Bruno Gladu conta son histoire. On comprit rapidement que la Zone sportive était bien plus qu’un centre d’entraînement.

Un soir, le petit était venu voir sa mère monoparentale essayer de compléter un maxfit. Le petit garçon, dans sa chaise qui lui sert de transport constant, leva la main et demanda si lui aussi pouvait s’entraîner. Les entraîneurs le sortirent de sa chaise et, le prenant dans leurs bras, l’ont aidé à faire certains exercices afin de le faire bouger. Le jeune, malgré son handicap clair, ne vivait que pour sa passion envers le sport et son désir de bouger. Compétiteur de Boccia, Olivier n’avait pas pu faire beaucoup de tournois la saison dernière à cause du manque de fonds. Et cette fois, le Centre d’entraînement, les propriétaires et les 60 athlètes présents lui remirent un chèque de 1600$ lui permettant de participer à toute sa saison. Le jeune rempli d’espoir éclata en larmes. Il n’en fallait pas plus pour les 60 athlètes ayant déjà été enfants éclatent tous en larmes!

Vincent Houle,

Saint-Constant

 

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